Kritik23. Juni 2020

«Moscou Aller Simple!» - La Suisse sur écoute

«Moscou Aller Simple!» - La Suisse sur écoute
© VINCA FILM

Présenté en ouverture des Journées de Soleure, le réalisateur Micha Lewinsky nous embarque en Suisse en pleine affaire des fiches, à l’aube de la chute du mur de Berlin. Alors qu’une police intérieure est en passe d’être révélée en Suisse, Philippe Graber, incarne ce brave employé infiltré dans le Schauspielhaus de Zurich.

À l’automne 1989 à Berlin, les premières pierres du mur s’apprêtent à tomber, et en Suisse la police surveille de très près des centaines de milliers de personnes. Avant que le scandale des fiches n’éclate au grand jour, Viktor (Philippe Graber), un fidèle agent de l’administration va infiltrer le Schauspielhaus de Zurich. Le très acclamé Carl Heymann (Michael Maertens) y prépare une pièce, et la police soupçonne un complot politique qui mettrait en péril la sécurité de la Suisse et la grandeur de son Armée. Les dangereux gauchistes pacifistes sont mis sur écoute, Viktor infiltre la tanière et sa rencontre avec l’actrice Odile Lehmann (Miriam Stein) pourrait bien changer le dessein de son investigation.

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En plein scandale des fiches, le réalisateur avait 17 ans à l’époque des faits, lui-même fiché à 13 ans après avoir téléphoné à l’ambassade soviétique pour un devoir de classe; la Suisse se protège contre la menace des gauchistes pacifistes. Philippe Graber («Der Freund») interprète Viktor, ce jeune et brave employé de la police qui devra infiltrer le milieu intellectuel de la Schauspielhaus et faire toute la lumière sur un supposé complot politique. Guerre froide, théâtre et mise sur écoute, le film se pose quelque part entre «La Vie des autres» et le «Faiseurs de Suisses».

«La rébellion des supposés fous furieux gauchistes est servie dans un écrin romantique...»– Theo Metais

Pantin mollasson de la police intérieure, Philippe Graber est un larbin malléable, un homme sans histoire, timide et discret. Archétype des personnages chers à Micha Lewinsky, Philippe Graber incarne ce protagoniste, tendre et touchant. Anti-héros de l’administration et alors qu’il infiltre les planches de la Schauspielhaus, son personnage se révèle à lui-même. Et aux côtés d’une Miriam Stein («Unsere Mütter, unsere Väter»), toujours très convaincante, la rébellion des supposés fous furieux gauchistes est servie dans un écrin romantique.

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“Dégagez ces fichues Alpes, on veut la mer” - Sous couverture, et alors qu’il prend l’identité d’un certain Walo, un ancien matelot nous dit-on, «Moscou Aller Simple!» embrasse les abords d’un conte initiatique sur fond de scandale politique. Et quelques phrases lancées çà et là nous restent en mémoire, c’est curieux ce besoin chez les “marins” de faire des phrases…

«Un film qui danse la révolution politique...»– Theo Metais

Aussi une reconstitution soignée d’un Zurich pas si lointain où l’élégante cinématographie du zurichois Tobias Dengler («Le cercle») se mêle aux compositions d’Ephrem Lüchinger («Mare»). «Moscou Aller Simple!» est de ces comédies un peu linéaires, mais bigrement efficaces, touchantes et drôles. Et dès son ouverture à la radio sur la musique de Carlos Puebla, chanteur de la révolution cubaine, Micha Lewinsky donne le ton d’un film qui danse la révolution politique, avec douceur et légèreté.

3,5/5 ★

«Moscou Aller Simple!» est à découvrir dès le 24 juin au cinéma.

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