Kritik15. Januar 2024

«Mon pire ennemi», l'engrenage de la violence dans les interrogatoires en Iran

«Mon pire ennemi», l'engrenage de la violence dans les interrogatoires en Iran
© 2024 Outside the Box

Film déroutant qui nous avait profondément marqué lors de sa présentation à la Berlinale en 2023, «Mon pire ennemi», du réalisateur franco-iranien Mehran Tamadon, ne laissera personne indifférent. À découvrir au cinéma le 17 janvier.

(Depuis la Berlinale 2023)

Installé en France depuis 1984, Mehran Tamadon aimerait pouvoir retourner dans son pays. À l’âge adulte, il y avait passé plusieurs années avant d’en être expulsé. L’interrogatoire qu’il y avait subi à cause de ses films est encore gravé dans sa mémoire. Alors qu’il rencontre d’autres iranien.nes expatrié.es, il les questionne sur leur propre expérience face à l’autorité et les pousse à rejouer un interrogatoire. Mais cette fois-ci, ils seront les tourmenteurs.

«Mon pire ennemi» est de ces œuvres inclassables qui brisent la frontière des genres. Si le documentaire expose une vérité connue, les instants d’interrogatoire, mis en scène et improvisés sous nos yeux, brouillent les pistes et font éclater la limite entre fiction et réalité. Ainsi, l’actrice Zar Amir-Ebrajimi, lauréate de la palme de la meilleure actrice au Festival de Cannes 2022 pour le film «Les Nuits de Mashhad», semble se perdre totalement dans son personnage.

«Mon pire ennemi» - l'engrenage de la violence dans les interrogatoires en Iran
Zar Amir Ebrahimi et Mehran Tamadon dans «Mon pire ennemi» © 2024 Outside the Box

Le visage dur, le regard glacé, elle interroge le réalisateur, le pousse à se déshabiller, l’asperge d’eau froide, le fait sortir en sous-vêtement dans l’air glacial. Inspirée par sa propre expérience, elle impose une pression morale malsaine et pesante qui marque le public. Voyeurs, nous assistons impuissants aux événements et espérons que l’expérience prenne fin avant qu’elle ne dérape. Car si la violence n’est pas physique, elle se nourrit des traumas de sa protagoniste et s’intensifie à chaque minute.

Rapidement, l’actrice entremêle sa personnalité et celle de son personnage. L’interrogatoire devient plus personnel. «Pourquoi faire ce film ?» souffle-t-elle. En effet, quel pouvoir possède le réalisateur face à une inhumanité encouragée par l’État ? Qu’attend-il de tout cela ? Une interrogation sur la nature humaine qui se fait universelle et laisse le public bouleversé.

3,5/5 ★

Au cinéma le 17 janvier

Plus d'informations sur «Mon pire ennemi»

Bande-annonce de «Mon pire ennemi»

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