Critique18. April 2019

« Mid90s » - The Kids Are(n't) Alright

« Mid90s » - The Kids Are(n't) Alright
© Filmcoopi

Dévoilé en première à Toronto et présenté à Berlin en février dernier, « Mid90s », premier long-métrage de l’acteur prodige Jonah Hill, est une ode à l’enfance tournée en 16 mm dans le Los Angeles des années… 90.

Los Angeles, quelque part dans les années 90, le temps d’un été. Stevie (Sunny Suljic), 13 ans, rêve de skateboard, de musique et d’Air Jordan ; un imaginarium pour échapper à la violence d’un frère (Lucas Hedges) et à la nonchalance d’une mère (Katherine Waterston). Sur les avenues de la cité des Anges, Stevie vadrouille en BMX et fait la rencontre d’un groupe de petits caïds skaters. Plus âgés, ils le prendront sous leurs ailes. Trop jeune pour être adulte et pourtant, le gamin s’est trouvé une nouvelle fratrie, inconsciente, insouciante.

Un conte initiatique dans les b(r)as quartiers de Los Angeles, délicatement planté entre Freaks and Geeks et l’illustre Kids de Larry Clark. Au même âge, Christiane F. s’injectait de l'héroïne entre deux passes à Berlin-Ouest ; Stevie échappe lui aussi à la détresse d’un foyer en berne, le skate remplace l’aiguille, quelques tricks sous le soleil et la promesse d’une vie meilleure. Pour ses débuts derrière la caméra, Jonah Hill s’attaque à une thématique universelle, intemporelle et ô combien radicale : l’enfance et son désir d’émancipation. Trois ans d’écriture et les conseils (non crédités) de Martin Scorsese et Ethan Coen, rien que ça ! La fable délicate d’une adolescence sur les rails.

Les Kids de Jonah Hill se confrontent au monde avec insouciance.

Il y a de l’élégance chez Hill acteur (cf le récent Don't Worry, He Won't Get Far on Foot), la rumeur surclasse désormais Jonah Hill réalisateur. Ils s’appellent Ray, Fuckshit, Rubben ou encore Fourth Grade. Lui répond désormais au nom de Sunburn. Des noms d’emprunt, nouvelle fratrie, la clope, l’alcool, le skate, le sexe, dès lors tout s'accélère pour le jeune Stevie. Les Kids de Jonah Hill se confrontent au monde avec insouciance.

Lucas Hedges et Sunny Suljic © Filmcoopi

« Laissez-les devenir fous pour qu’ils deviennent sages » écrivait Kerouac. Des Kids célestes, vagabonds, qui mêlent les écrits de l’homme sur la route à la puissance fantasmagorique d’un enfant qui rêve. À ce jeu, Jonah Hill compose un crew de skaters d’une extrême sensibilité, touchant, porté par le sublime Sunny Suljic et le tout aussi talentueux Na-kel Smith (Ray), le grand-frère de substitution. En dilettante aussi, subliminale, l’histoire des traumas de Los Angeles, d’une mixité sociale délicate, entre racisme et homophobie ordinaire.

La soundtrack elle-même raconte cette histoire des États-Unis.

Wu-Tang, Cypress Hill, The Pharcyde, Herbie Hancock, Misfits, Nirvana, Pixies... La soundtrack elle-même raconte cette histoire des États-Unis. Si Jonah Hill insuffle de la bienveillance dans chacune des alcôves de son Mid90s, le manège n’a pourtant rien de champêtre. Il faudra voir les points de Lucas Hedges portés au visage de son frère, l’accident de Stevie, et la virulence des mots flanqués à sa mère.

Alexa Demie et Sunny Suljic © Filmcoopi

16 mm nostalgique et un format 4:3 de VHS, on se croirait sur MTV. Jonah Hill dévoile une fable générationnelle tendre et émouvante. Une belle proposition de cinéma, un propos maintes fois ressassé, des émotions bien connues, mais un long-métrage qui trouvera une place très honorable parmi les fresques sur l’enfance.

En bref !

Il aura fallu 15 ans de carrière face caméra et 3 années d’écriture pour accoucher enfin de Mid90s, première réalisation de Jonah Hill. L’acteur signe une œuvre profondément personnelle et inspirante. Un classicisme nostalgique pour un conte initiatique en skateboard dans le Los Angeles des années 90.

4/5 ★

Plus d'informations sur Mid90s.

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