Critique6. Juni 2018

«Jurassic World: Fallen Kingdom» - Après Spielberg, l’Apocalypse!

«Jurassic World: Fallen Kingdom» - Après Spielberg, l’Apocalypse!
© Universal Pictures International Switzerland - Jurassic World: Fallen Kingdom (2018)

En 2015, l’aventure au Jurassic prenait un sacré coup dans les dents avec un volet ô combien décrié signé du réalisateur Colin Trevorrow. Cette fois réalisé par Juan Antonio Bayona, beaucoup de bruit aura été fait autour de ce nouvel épisode avec Spielberg en producteur délégué. Après 25 ans, serait-ce le sequel de trop? Qui sait...

Depuis le chaos survenu à Jurassic World en 2015, le resort reptilien est laissé à l’abandon et les dinosaures (sur)vivent loin des yeux du monde. Seulement le volcan se réveille et, afin de ne pas revivre l’extinction d’il y a 66 millions d’années, Claire (Bryce Dallas Howard) est contrainte d’organiser une expédition pour sauver ce qu’il reste des dinosaures et retrouver Blue avec l’aide d’Owen (Chris Pratt). Mais la mission n’est peut-être pas si innocente …

Si Spielberg, visionnaire en 1993, jumelait un discours sur la manipulation génétique à un divertissement grand public magistral, la reprise de 2015 et cette nouvelle épopée recyclent inlassablement les grands standards du Jurassique et se recentrent autour du visuel. Une science-fiction assez pauvre il y a 4 ans, cette-fois, un delirium post-apocalyptique crasseux et une expérience immersive en IMAX qui permettra, par notes éparses, de se dégourdir convenablement la rétine (à l’image du final d’un genre King-Kong à Poudlard).

Comité d'accueil sur Isla Nublar
Comité d'accueil sur Isla Nublar © Universal Pictures International Switzerland

Toujours aussi mielleusement interprétés, les personnages de Claire et Owen sont lessivés de quelques clichés sexistes. Il reste du travail mais la chose est heureuse. Claire est devenue une activiste militante pour la préservation des dinosaures et Owen, qui a rangé les manchettes de dressage, travaille à la charpente de son ermitage au bord d’un lac. Convenable mais surtout convenue, l’introduction des deux personnages est d’une incroyable linéarité, jusqu’à leurs retrouvailles et le décollage pour Isla Nublar. Ce n’est qu’une fois sur l’île, au coeur d’une nuit noire de suie, que le spectacle trouvera l’envergure du grand-écran.

Blue à la rescousse !
Blue à la rescousse ! © Universal Pictures International Switzerland

Pour donner de la substance au scénario, Derek Connolly et Colin Trevorrow (cette fois co-scénariste) ont imaginé le riche anglais Lockwood (collaborateur de John Parker Hammond, créateur du parc) et surtout le bonimenteur Nils, interprété par Rafe Spall qui, dans les bas-fonds d’un manoir “transylvanien”, crée un nouvel hybride: l’Indoraptor. Petit plaisir cinéphile, la maîtresse de maison n’est autre que Géraldine Chaplin (fille de son père). On retrouvera Jeff Goldblum, alias Dr Ian Malcolm, qui régalera avec sa plaidoirie, et B.D. Wong, toujours sous les traits du Dr Henry W, et plus vipère qu’il n’y paraît. Bref! Ethique génétique, frénésie scientifique, cohabitation avec l’homme et marchandage de reptiles, la sève de Jurassic Park est bien présente, mais aliénée lorsqu’elle se mélange à une morale binaire sur le sort de l’humanité et un optimisme scientifique de studios.

La petite fille aux origines mystérieuses jouée par Isabella Sermon
La petite fille aux origines mystérieuses jouée par Isabella Sermon © Universal Pictures International Switzerland

Ni narrative et encore moins scénaristique, la petite prouesse est ailleurs. La mise en scène, certes gargantuesque, et le travail remarquable sur les animatroniques (dinosaures robotisés), trouveront quelques aimables envolées. «Jurassic World: Fallen Kingdom» relève d’un cinéma qui se gargarise d’une expérience immersive, époustouflante et réaliste. La belle affaire, la scène de l’arrivée sur l’île n’en est pas plus miraculeuse qu’en 1993 avec Sam Neill et Laura Dern. Il reste l’introduction du clonage humain (avec la petite fille jouée par Isabella Sermon) mais qui ne servira finalement qu’à un twist final assez prévisible. 25 ans de progrès techniques se sont écoulés depuis le premier volet. La génétique ouvre des rivières de possibilités scénaristiques et la réussite sera essentiellement visuelle. «Jurassic World: Fallen Kingdom» agacera pour les mêmes raisons qu’il pourra séduire, mais à la suite du naufrage critique de 2015, le film rassure sur le nouveau venu prévu pour 2021 (Encore que, c'est Colin Trevorrow qui en reprend les reines)...

Note de la rédaction -> 3/5 ★

Jurassic World: Fallen Kingdom - 2018 - Action

Réalisateur: J.A. Bayona

Scénario: Colin Trevorrow & Derek Connolly (d'après certains personnages créés par Michael Crichton)

Acteurs: Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, BD Wong, James Cromwell, Jeff Goldblum, Ted Levine, Justice Smith, Geraldine Chaplin, Daniella Pineda, Toby Jones & Rafe Spall

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