Interview20. Dezember 2023

Céleste Brunnquell: «Je pense que je vais me poser des questions encore longtemps»

Céleste Brunnquell: «Je pense que je vais me poser des questions encore longtemps»
© Marine Guillain / Cannes 2023

Après s’être faite remarquer dans «Les éblouis», de Sarah Suco, puis dans la série Arte à succès «En Thérapie», d’Éric Toledano et Olivier Nakache, Céleste Brunnquell crève l’écran dans «La fille de son père».

(Propos recueillis et mis en forme par Marine Guillain, Cannes 2023)

Présenté au dernier Festival de Cannes, le long métrage d’Erwan Le Duc «La fille de son père» dépeint la relation entre une adolescente qui s’apprête à quitter le nid pour ses études et son jeune papa. Rencontre cannoise avec une jeune espoir du cinéma français: Céleste Brunnquell, 21 ans.

Cineman: Comment décririez-vous le personnage de Rosa?

Céleste Brunnquell: C'est une jeune femme très individualiste, en décalage avec les autres. Elle vit dans son monde, elle peint, elle n'est pas dans les mêmes élans que les gens de son âge et fait les choses en fonction de ses envies.

Elle est originale, cette adolescente qui peint…

CB: Oui! La vraie peintre des toiles que l’on voit dans le film est une jeune fille de mon âge qui est aux Beaux-arts à Paris et a été choisie par Erwan Le Duc, le réalisateur. Je trouve qu'elle apporte un univers supplémentaire. Les frottements entre elle, le personnage de Rosa et moi en tant qu’actrice ont créé quelque chose d’à part. Dans la réalité, je ne peins pas, mais je dessine beaucoup.

En regardant le film, on ressent quelque chose de poétique et de joyeux: ressentez-vous cela aussi?

CB: Le scénario et les rapports entre les personnages m'ont beaucoup enrichie. La relation avec Nahuel Perez Biscayart, qui joue mon père, s'est créée petit à petit, elle a nourri le film et inversement. Je trouve que le film donne envie de vivre plus musicalement, il montre l'enrichissement des gestes du quotidien pour le transcender, pour aller au-delà. Je tends vers ça aussi et dans ce sens, je trouve le film poétique.

Céleste Brunnquell: «Je pense que je vais me poser des questions encore longtemps»
Céleste Brunnquell et Nahuel Perez Biscayart dans «La fille de son père» © Frenetic Films AG

Votre première expérience de cinéma a eu lieu avec «Les Éblouis», de Sarah Suco: vous étiez presque de tous les plans et vous avez été nommée aux César 2020 pour le meilleur espoir féminin: quels souvenirs gardez-vous de cette expérience?

CB: À l’époque je faisais du théâtre, je sentais que ça représentait quelque chose de plus qu’un simple hobby pour faire passer le temps, mais j’avais 15 ans, j’étais à l’école et je ne pensais pas du tout à passer des castings. Je me suis tout de même rendue à une audition «Les Éblouis». Ensuite, j’ai vu Sarah Suco durant des mois, on ne parlait pas forcément du film et je n'avais pas lu le scénario. C'était une façon pour elle de voir si j'allais tenir, elle devait trouver un équilibre entre l'endurance et l'exigence du tournage, tout en me protégeant de cette histoire de secte. Grâce à ça, j’ai eu la sensation de n'avoir aucune responsabilité sur les épaules! C'était un tournage fantastique durant lequel je n’ai jamais pensé à l’après.

Comment avez-vous ensuite vécu le tournage de la série «En thérapie»?

CB: C'était un moment de concentration totale! Il fallait prendre le temps et tenter de transcender le texte, puisqu’il n’y a pas beaucoup de mouvements. Parmi toutes ces contraintes spatiales et physiques, je trouve que Pierre Salvadori, qui dirigeait mes épisodes, a trouvé une mise en scène forte, qui rend chaque échange intéressant.

Vous avez ensuite joué dans «L'origine du mal», entourée de Laure Calamy, Doria Tillier, Suzanne Clément, Jacques Weber… était-ce impressionnant?

CB: C’est drôle parce que mon personnage ne parle pas beaucoup, mais elle est très présente, comme une sorte de spectre qui passe dans la maison et qui observe tout ce chaos. Dans la réalité, je faisais un peu pareil. Je me suis sentie bien et à ma place, parmi tous ces grands acteurs et grandes actrices que j'aime passionnément.

Que ressentez-vous quand vous vous voyez à l'écran?

CB: La première fois que j’ai vu «La fille de son père», je n’ai pas réussi à me détacher de mon image. Lorsque je l’ai revu ici, à Cannes, je suis parvenue à m'affranchir de ma répulsion à me voir sur un écran et à regarder le film pour ce qu’il était. J’y arrive de mieux en mieux, mais ça reste très difficile. Aujourd'hui, j'ai 20 ans, je me pose encore des questions et je pense que je vais m'en poser longtemps. Je suis retournée au lycée, je continue ma vie et je prends le temps pour chaque chose.

«La fille de son père» est à découvrir au cinéma à partir du 20 décembre.

Bande-annonce de «La fille de son père»

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