Critique7. Februar 2020

Fantastique et familiale, que vaut réellement l'adaptation de «Locke & Key» sur Netflix?

Fantastique et familiale, que vaut réellement l'adaptation de «Locke & Key» sur Netflix?
© Christos Kalohoridis

Un an après l’adaptation délurée d’«Umbrella Academy», la série de comics éponyme écrite par Gerard Way et éditée par Dark Horse Comics, Netflix plonge à nouveau dans l’univers fantastique d’un roman graphique. Cette fois-ci, c’est à l’oeuvre de Joe Hill et Gabriel Rodríguez, éditée par IDW, «Locke & Key» que la plateforme donne vie.

Entre drame familiale, comédie adolescente, dark fantasy... La série chapeautée par Carlton Cuse («Lost», «les disparus» ; «Bates Motel») et Meredith Averill («The Haunting of Hill House») et Joe Hill est un pari risqué, à la croisée des genres. L’entrée en matière ne parait pas bien originale. Une famille endeuillée par la mort brutale du père part s’installer dans un vieux manoir perdu au fond d’une petite ville inconnue d’Amérique. Quatre personnes détruites (une mère et ses trois enfants), se rattachant à la dernière chose qui leur reste du père et mari mort, sa vieille demeure familiale. Mais en emménageant dans cette maison, c’est tout un monde qu’ils découvrent. Un monde fait de clefs magiques - chacune dotée d’un pouvoir particulier, décuplant à l’infini le champs des possibles -, du réveil d’un ancien démon et de secrets de famille…

Le nom de Joe Hill aura certainement résonné sympathiquement aux oreilles de la plateforme en ces temps où son père, Stephen King, est adapté dans tous les sens sur grand écran et souvent utilisé comme argument markéting à part entière. Après la transformation en long-métrage de la nouvelle de Joe Hill «Dans les hautes herbes» (déjà pour Netflix) et en série de son roman «NOS4A2» (une adaptation très moyenne commandée par AMC), difficile d’adapter une oeuvre aussi appréciée et incontournable pour les connaisseurs que «Locke & Key». Et ce n’est pas pour rien, donc, que le comics de Joe Hill est passé par La Fox (2010-2011), Universal (2014) et même Hulu - qui a annulé la série après l’approbation de son pilote (2017-2018)- avant d’être récupérée par Netflix.

En faisant le choix de n’être pas aussi abrupte que l’univers graphique de Hill, «Locke & Key» s’autorise à planter des personnages profonds et des questionnements aussi mature que le deuil et incontournable que passage à l’âge adulte– Camille Vignes

Mais dès son introduction, force est de constater que le passage sur petit écran convainc. Certes il offre moins de violence que le matériau d’origine, certes lisser la noirceur intrinsèque au comics restera certainement pour les amateurs de l’oeuvre originale le gros point noir de Locke & Key. Et, sans doute, donner de l’importance à des enjeux adolescents basiques, vus et revus mille fois dans mille séries différentes n’était pas forcément utile - on se passerait par exemple volontiers des querelles entre sportifs du lycée et de sa « reine des abeilles », la peste populaire. Pourtant, en faisant le choix de n’être pas aussi abrupte que l’univers graphique de Hill, Locke & Key s’autorise à planter des personnages profonds et des questionnements aussi mature que le deuil et incontournable que passage à l’âge adulte.

Darby Stanchfield, Connor Jessup, Emilia Jones & Aaron Ashmore dans «Locke & Key»
Darby Stanchfield, Connor Jessup, Emilia Jones & Aaron Ashmore dans «Locke & Key» © Christos Kalohoridis

Racontée avec énormément de justesse et une bonne dose d’optimise, la plongée dans les affres sentimentales qu’ouvrent le deuil expose la véritable raison d’exister de la série. Offrir un drame familiale, l’histoire d’une reconstruction rendue possible par la découverte d’un autre monde, totalement fantastique. C’est bien plus l’apprentissage de l’amour, de l’importance des liens familiaux et de l’acceptation du deuil qu’autre chose qui se joue dans dans «Locke & Key». Entre «Umbrella Academy» et «The Haunting of Hill House», avec quelques petites clins d’oeil au cinéma d’horreur ou à «Harry Potter», la série jongle avec des références pour parler au plus grand nombre.

En bref!

Généreuse, portée par un trio d’acteurs prometteurs, Connor Jessup, Emilia Jones et Jackson Robert Scott, l’adaptation de «Locke & Key» déborde d’imagination et réussi à porter à l’écran ce comics souvent jugé inadaptable. Moins brutale que l’oeuvre d’origine et grâce à quelques cliffhanger très utiles, elle offre un récit adolescent profond et optimiste qui ne laisse pas facilement s’enfuir le spectateur.

3.5/5 ★

«Locke & Key» est disponible dès aujourd'hui sur Netflix.

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