Critique7. Juli 2023

Critique de «Jury Duty», mockumentary hybride au cœur d’un juré d'assise en carton

Critique de «Jury Duty», mockumentary hybride au cœur d’un juré d'assise en carton
© Amazon Freevee

Vous l'avez loupé? C'est normal! Sortie modestement et sans esbroufe en avril dernier sur Amazon Freevee, la série mockumentaire «Jury Duty» est pourtant l’une des farces les plus surprenantes de la télé en 2023. Décryptage.

Diffusée sur Amazon Freevee, la plateforme de streaming en accès libre d’Amazon, la série «Jury Duty» se fait le récit singulier d’un juré d'assise dans un tribunal à Los Angeles. Pour faire la lumière sur une affaire qui oppose un employé, probablement en état d’ébriété, à son patron qui l’accuse d’avoir ruiné la compagnie, des citoyennes et des citoyens de tous horizons sont convoqué.e.s. Parmi eux, un certain Ronald Gladden, casté parmi 2500 candidat.e.s. Il pensait naïvement participer à un documentaire sur les rouages de la justice américaine, et se retrouve malgré lui au cœur de la plus vaste fumisterie de la télévision à ce jour en 2023.

Quatre semaines durant, reclus au tribunal et dans un motel, sans téléphone ni internet, les 12 jurés sélectionné.e.s - dont la vedette James Marsden dans «le rôle de sa vie en interprétant une version excentrique de lui-même» selon le Hollywood Reporter - tergiverseront en autarcie sur cette affaire. Mais Ronald Gladden ignore un détail : les jurés qui l’accompagnent sont en réalité des acteurs chargé.e.s d’incarner des personnalités truculentes (une dame âgée qui ne cesse de s'endormir ou encore un jeune magnat des nouvelles technologies). En somme, la réalité qui se déroule devant ses yeux est minutieusement scriptée par les équipes en coulisse. Un secret de Polichinelle qui maintient le suspens de «Jury Duty», véritable substance de cette série.

«Jury Duty» / © Amazon Freevee «Jury Duty» / © Amazon Freevee «Jury Duty» / © Amazon Freevee

Créée par Lee Eisenberg et Gene Stupnitsky («The Office»), «Jury Duty» est un bien curieux format où l'on retrouvent à la bonne franquette «Douze Hommes en colère», le «Truman Show», et une émission de télé-réalité. «Pourquoi personne ne regarde l'une des meilleures émissions de l'année ?» s’étonnait le The Guardian en mai dernier. Un geste bien original à la télévision, étalé sur huit épisodes qui se dévorent comme une glace en été. Ronald Gladden devenant la figure du pigeon ordinaire que l’on érigera en héros pour avoir mené ce jury et navigué au milieu de cette blague avec les honneurs : 100'000 dollars à la clé. Une paille!

En ouverture, un maigre lettrage nous indiquait le programme suivant : «La série explore le processus judiciaire américain vu à travers les yeux d'un jury». Un louable projet, mais effleuré, et qui laisse finalement place à une émission ô combien ras des pâquerettes, fichtrement manichéenne, et qui étonnamment fonctionne lorsqu’elle pointe du doigt l’hémicycle médiatique de la justice outre-Atlantique. Un programme en roue libre, sans formule et qui pourtant ne manque pas de magie pour The Antlantic. «Jury Duty» est en effet une émission perfectible, mais étonnante, à la croisée des genres et qui, malgré bien des écueils, fera certainement date dans les univers surannés des documentaires et de la télévision.

«Jury Duty» est à découvrir gratuitement sur Amazon Freevee.

Bande-annonce de «Jury Duty»

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