Critique12. Oktober 2023

Critique «Le Ravissement», dans la spirale des mensonges

Critique «Le Ravissement», dans la spirale des mensonges
© Xenix Filmdistribution GmbH

Avec «Le Ravissement» son premier long métrage, la Française Iris Kaltenbäck repartait lauréate du prix SACD à la semaine de la critique du Festival de Cannes 2023. Une récompense méritée, pour une œuvre fascinante et remarquablement construite.

Lydia (Hafsia Herz) est sage-femme. Un soir, elle rencontre Milos (Alexis Manenti), un chauffeur de bus. Si leur histoire est de courte durée, ils se croisent, à nouveau, plusieurs mois plus tard à l’hôpital. Milos y est pour voir son père, Lydia pour rendre visite à sa meilleure amie, Salomé (Nina Meurisse), qui vient d’accoucher. Le bébé de cette dernière au bras, Lydia se lance dans un mensonge qui dévorera toute sa vie.

C’est grâce à un fait divers, qui décrivait l’enlèvement d’un enfant par la meilleure amie de sa mère, qu'Iris Kaltenbäck, scénariste et réalisatrice, se lance dans le projet. Diplômée de droit, elle s’inspire alors de ses propres observations et des procès qu’elle a suivis pour développer son récit. Son objectif : tenter de comprendre les actes de son personnage sans la juger ni la blâmer.

Son personnage, c’est Lydia. Sage-femme, elle travaille dans une maternité. La réalisatrice se rapproche au plus près de la réalité et brouille la frontière entre documentaire et fiction. Accompagnées d’une équipe réduite, elle et son actrice évoluent dans un véritable établissement hospitalier et capturent sur la pellicule de vrais accouchements, des instants de vie authentiques.

© Xenix Filmdistribution GmbH

Dans le rôle de Lydia, Hafsia Herzi est fascinante. De sa voix douce, elle insuffle à son rôle une merveilleuse sensibilité et impose l’empathie. Son jeu, tout en retenue, laisse entrevoir une complexité loin d’une composition purement manichéenne et donne vie à une jeune femme qui, doucement, se perd dans les méandres du mensonge. Et dès les premières minutes du long métrage, son destin est clair : elle finira en prison.

Dès lors, «Le Ravissement» devient un exposé, une investigation. L’une des victimes de cette imposture, Milos - Alexis Manenti («Les Indésirables», «Bâtiment 5») dans une honnête performance – prend le contrôle du récit. En hors-champ, il exprime ses propres questionnements et les met en parallèle avec les événements exposés à l’écran. Ensemble, ces deux points de vue laissent au public le choix de son analyse.

À l’écran, la solitude des protagonistes trouve écho dans la pénombre qui les entoure. De nuit, en intérieur, sous un ciel lourd de nuage, la frêle luminosité contraste régulièrement avec une volonté de mise en valeur des couleurs. Le résultat est une superbe photographie composée par Marine Atlan, qui avait travaillé sur la production suisse «Foudre». Autant dans sa forme que dans son fond, «Le Ravissement» d’Iris Kaltenbäck est une réussite qui ne faut surtout pas rater.

4,5/5 ★

Depuis le 11 octobre au cinéma.

Plus d'informations sur «Le Ravissement».

Bande-annonce «Le Ravissement»

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