Critique4. April 2024

Critique de «Ripley» sur Netflix, vivre parmi les riches et les puissants

Critique de «Ripley» sur Netflix, vivre parmi les riches et les puissants
© 2021 Netflix, Inc

Pour Netflix, l’acteur irlandais Andrew Scott se glisse avec délice dans la peau du célèbre Tom Ripley, personnage des romans de Patricia Highsmith. Résultat? Une performance exceptionnelle dans une œuvre aux images époustouflantes. Zoom sur la nouvelle série «Ripley».

(Article de Gaby Tscharner Patao, traduit de l’allemand. Propos recueillis à Los Angeles)

Dans le New York des années 50, Tom Ripley (Andrew Scott), petit escroc, survit grâce à des chèques frauduleux. Alors qu’il est sur le point d’être démasqué, il trouve la cachette parfaite, lorsqu’un magnat de la marine lui demande de partir en Italie pour retrouver son fils Dickie Greenleaf (Johnny Flynn) et le convaincre de rentrer aux États-Unis. Mais pour réussir à suivre le style de vie exubérant du jeune homme, Ripley va devoir passer à des crimes plus graves.

«Le Talentueux Mr Ripley» a déjà reçu plusieurs adaptations cinématographiques. Ainsi, dans les années 60, René Clément filmait Alain Delon pour «Plein Soleil» et en 1999, Matt Damon enfilait le costume de Ripley devant la caméra d’Anthony Minghella. Pour cette nouvelle minisérie, Steve Zaillian nous plonge, en huit épisodes, encore plus profondément dans le monde du personnage créé par Patricia Highsmith et nous interroge: qui est ici vraiment l’imposteur? Ripley, escroc intelligent qui, par son rang social, n’a jamais pu profiter pleinement de la vie, ou Dickie, riche, mais bon à rien, qui n’a de cesse de gaspiller l’argent de son père?

© 2024 Netflix, Inc.

Rapidement, le jeune imposteur ne peut nier l’envie qu’il ressent devant la vie insouciante du riche jeune homme. Mais alors que l’argent du père de Dickie s’épuise et que même ce dernier tente de se débarrasser de lui, Ripley va avoir recours à des moyens drastiques pour atteindre la vie de ses rêves. «On me demande souvent si je connais quelqu'un comme Ripley», déclare Andrew Scott dans une conférence de presse à laquelle Cineman a pu participer. «Pour moi, il s'agit moins de nier le côté psychopathe de Tom Ripley que de reconnaître les caractéristiques de sa personnalité que chacun d’entre nous peut trouver au plus profond soit». Salué par la critique grâce à son rôle dans le film «Sans jamais nous connaître» de Andrew Haigh, il voit le personnage de Ripley comme quelqu’un d’extrêmement doué, mais ignoré par la société. «Quand des gens comme lui ont soudain accès aux belles choses de la vie, ils se rendent compte alors à quel point ils sont en colère».

Lauréat de l'Oscar en 1994 pour «La Liste de Schindler» de Steven Spielberg et au scénario de «The Irishman» de Martin Scorsese en 2019, Steve Zaillian est devenu, le long de sa carrière, l’un des scénaristes les plus réputés de Hollywood. Pour «Ripley», il enfile la casquette de réalisateur et s’inspire des classiques des films noirs pour l’esthétique de son projet, tourné en noir et blanc. Un choix audacieux pour capturer les paysages luxuriants de la côte amalfitaine: des palais opulents de Venise aux tableaux de Caravage. Cette absence de couleur cultive le sentiment de malaise omniprésent dans l’œuvre et aide à créer une tension palpable. «Je ne voulais pas présenter une version carte postale de l'Italie», explique le cinéaste. «Le livre ne l'est pas non plus. Il est sombre et annonciateur de malheur. Si Highsmith avait filmé son histoire, elle l'aurait certainement fait en noir et blanc».

© Philippe Antonello | Netflix

Visuellement, Zaillian utilise habilement des jeux d’ombres et de lumières. Pour la composition de ses plans, il s’inspire de certains tableaux de vieux maître italien, comme Caravage, dont la vie scandaleuse trouve ici un écho. Cinq années lui ont été nécessaires pour finaliser le projet ; un dévouement qui se ressent dans les moindres détails. La distribution accompagne à merveille le cinéaste dans son voyage. Dans le rôle de Marge, une écrivaine qui, dès le début, se méfie de Ripley, Dakota Fanning est superbe. Et lorsque l'inspecteur de police Ravini (Mauricio Lombardi) entre en jeu, la série se transforme en un passionnant jeu du chat et de la souris «Je ne vois pas Tom Ripley comme un méchant», conclut Andrew Scott. «C'est certainement un anti-héros, mais secrètement, nous espérons quand même qu'il s'en sortira indemne».

«Ripley» est à découvrir sur Netflix depuis le 4 avril.

5/5 ★

Bande-annonce de «Ripley»

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