Critique20. Januar 2020

«Bombshell» - Le récit d'un scandale

«Bombshell» - Le récit d'un scandale
© 2020 Impuls Pictures

Megyn Kelly a dénoncé le grand, l’intouchable Roger Ailes. Alors quand l’empire Fox News, géré par l’empereur à la main de fer commence à tanguer, la folie médiatique prend une ampleur féministe inattendue.

La politique a plusieurs faces. Dans Bombshell, les femmes contre-attaquent et les grands manitous se rongent les ongles jusqu’au sang. Un trio formé derrière la première femme à avoir lancé l’alerte générale: Gretchen Carlson (Nicole Kidman). C’est ensuite la présentatrice star, Megyn Kelly (Charlize Theron), celle qui a tenu tête à Donald Trump, celle qui ose se montrer forte quand l’opinion publique la traine dans la boue. Les coulisses, les habitudes sadiques, le harcèlement moral et physique; Fox News déchante et Roger Ailes ploie sous les plaintes.

Il y a eu un peu plus tôt «The Loudest Voice», série diffusée sur Showtime, s’intéressant avant tout à l’ogre Roger Ailes, fondateur de la chaîne américaine la plus regardée: Fox News. Prêtant ses traits à Ailes, Russell Crowe incarne un homme de pouvoir, bien décidé à faire étalage de son autorité pour profiter des plaisirs charnels féminins. Un chef d’entreprise si influent que ces femmes qui atterrissent entre ses mains ne peuvent refuser ses avances. Dans «Bombshell», l’angle est différent, il est axé sur 3 femmes, 3 caractères différents, 3 blondes et surtout 3 destins liés par un harceleur notoire. Gretchen, Megyn et Kayla (Margot Robbie) sont ces 3 femmes.

«La politique du silence de Fox News vole en éclat...»– Sven Papaux

À la place de Crowe, nous retrouvons le convaincant John Lithgow dans la peau du tortionnaire. L’allure empâtée, le regard colérique et teinté de perversité, l’homme ordonne à ses présentatrices vedettes d’avoir les jambes visibles - le spectateur reste focalisé sur les «belles jambes», insiste-t-il. L’ambiance devient intenable quand Gretchen passe à l’action et prend les devants pour dénoncer la «méthode Ailes». Le réalisateur Jay Roach («Trumbo») articule son récit en forme d’entonnoir, pour arriver au point de rupture: le soulèvement, briser le silence une bonne fois pour toute. Début des conséquences, lancement des hostilités contre un homme et ses «fidèles». La politique du silence de Fox News vole en éclat.

Charlize Theron & John Lithgow - Bombshell (2020)
Charlize Theron & John Lithgow - Bombshell (2020) © 2020 Impuls Pictures

Charlize Theron en fer de lance, excellente dans la peau de Megyn Kelly; Nicole Kidman, un temps passive, armée d’un caractère et d’une ténacité sans faille; Margot Robbie, la petite nouvelle, toute naïve, mais loin de se laisser abattre. Un trio puissant, conscient de servir une notion de l’information spectacle, qui indubitablement verse dans le sexisme. «Bombshell», c’est d’abord un travail de reconstitution, une folle embardée dans un empire à la lisière de l’effondrement. Un métrage à différentes faces, sur courant alternatif, avec ses scènes fortes et dérangeantes. On pense aux différents face-à-face entre Ailes et Kelly, mais surtout à cette scène où Kayla doit se plier aux désirs pervers de Roger Ailes. La honte masculine atteint son paroxysme.

En bref!

Un trio d’actrices tenant à bout de bras un film tenu, maîtrisé. Sans être transcendant, la reconstitution de l’affaire nous tient en haleine, avec ses segments gênants et puissants. «Bombshell» démontre l’étendue de la banalisation du harcèlement à grande échelle.

3,5/5 ★

Plus d'informations sur «Bombshell».

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