Review11. März 2019

« Rebelles » - Généreux, drôle et pertinent

« Rebelles » - Généreux, drôle et pertinent
© JMH Distributions

Plus de 11 ans après son premier film « Vilaine », Allan Mauduit revient avec « Rebelles », à nouveau une histoire de revanche violente et comique d’une perdante, ou plutôt ici, d’un groupe de perdantes, sur la vie. Mais si « Vilaine » était un film tiède, « Rebelles » séduit.

Après un coup dur, Sandra retourne vivre chez sa mère et travaille à l’usine de conserves locale de Boulogne-sur-Mer. Malheureusement, elle et ses collègues Nadine et Marilyn tuent accidentellement le chef après que celui-ci ait tenté de la violer. Mais cette agression se transforme en opportunité : elles découvrent un sac rempli de billets, qu’elles partagent, sans savoir qu’il s’agit d’argent sale. Les gros ennuis commencent...

Et ce n’était pas gagné d’avance, tant le pitch de départ est classique (trois protagonistes trouvent de l’argent sale, mais décident de le garder, ce qui provoque évidemment une cascade de problèmes) et tant la France est traditionnellement nulle en comédie, même si chaque année voit un film du genre (au hasard, La loi de la jungle, exceptionnel) se détacher du reste. Il est assez amusant d’ailleurs de constater que Rebelles partage justement une certaine similarité de ton avec le super En liberté !, exception qui confirmait la règle de l’année dernière.

Yolande Moreau, Audrey Lamy & Cécile de France - Rebelles (2019) © JMH Distributions

Les deux films partagent en effet quelques concepts, parmi lesquels un montage dynamique et sec allant parfois jusqu’au jump-cut assumé et des personnages de marginaux qui décident de s’affranchir des règles et des hiérarchies (concrètes ou sociales) le doigt en l’air. Mais là où l’univers d’En liberté ! se teintait avec réussite d’une poésie naïve, presque enfantine, l’imaginaire de Rebelles s’ancre dans deux autres traditions plus classiques. Avec tout autant de réussite par ailleurs.

Une toile de fond très white trash prolétaire américaine...

Il est assez frappant de constater à quel point Allan Mauduit a réussi, intentionnellement ou pas, à hybrider une toile de fond très white trash prolétaire américaine, avec ses décors ruraux, ses ouvriers, ses mobile homes et ses familles dysfonctionnelles, avec la gouaillerie de canaille et l’humour simple propre à un Michel Audiard par exemple (sans être à sa hauteur malheureusement), comme si Lino Ventura était venu retourner ses légendaires torgnoles dans le New Jersey de The Wrestler ou l’Alaska de Fargo. Ne serait-ce la langue, on pourrait vraiment jurer que le film est américain si les personnages parlaient anglais.

Simon Abkarian & Audrey Lamy - Rebelles (2019) © JMH Distributions

Sauf qu’ici, et c’est tout le sel de Rebelles, des baffes, Cécile de France, Audrey Lamy et Yolande Moreau en ont marre d’en prendre, et elles rendent coup pour coup, que ce soit coup de pelle ou coup de tromblon. Si le film est drôle, dynamique, surprenant, et servi par un casting de grande qualité (Cécile de France, Yolande Moreau et Simon Abkarian en tête), sa plus grande réussite reste son fond joyeusement émancipatoire, presque punk. Dommage quand même que Rebelles rate le coche de son climax et s’emberlificote dans la préparation et l’exécution d’une fusillade finale mal amenée et mal fichue. Assez frustrant, mais on y survivra.

En bref !

Généreux, drôle et pertinent, Rebelles aura tout de même une certaine marge de progression. Cela dit, le film reste un pari très sûr pour le spectateur. On attend le prochain Allan Mauduit avec curiosité.

3,5/5 ★

Plus d'informations sur Rebelles.

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