Kritik10. April 2024 Cineman Redaktion
Critique de «Tiger Stripes», accrochée à la liberté de toutes ses griffes
«Tiger Stripes» est le premier long métrage de la réalisatrice et scénariste malaisienne Amanda Nell Eu. Le film a été présenté en avant-première au Festival de Cannes, où il a reçu le Grand Prix de la Semaine de la Critique. Le film a également reçu, l’année passée, le prix du meilleur long métrage au NIFFF. En Malaisie, «Tiger Stripes» est sorti dans une version censurée, désavouée par la réalisatrice.
(Critique de Maria Engler pour le Fantasy Filmfest 2023, traduit par Eleo Billet)
Zaffan est une petite sauvageonne. Dès qu'elle en a l'occasion, elle se débarrasse de son foulard et de ses vêtements contraignants et parcourt la jungle malaisienne avec ses amies. Mais quand ses règles commencent, elle est mise à l'écart par les autres, car elle est la première de sa classe à les avoir. Bientôt, d'autres changements physiques se produisent, des poils, des griffes, qui choqueront bien davantage ses proches.
«Tiger Stripes» raconte, enveloppé dans le récit mystique d'une inquiétante transformation physique, le passage de l’enfance à l'âge adulte, le détachement des parents et la libération des normes sociales. Aussi, la manière dont Amanda Nell Eu représente l’auto-détermination féminine, le corps adolescent et ses bouleversements, et bien sûr les menstruations, avec audace et sans fard, est à saluer.
Ce faisant, «Tiger Stripes» nous offre un éclairage inédit sur la culture malaisienne, à la fois passionnant et enrichissant. Au centre du récit, et filmée à grand renfort de gros plans, se trouve la récalcitrante Zaffan, interprétée avec beaucoup de force par la jeune actrice Zafreen Zairizal.
Mais c'est pourtant la jungle qui tient le rôle principal. Elle est mise en scène à la fois comme un lieu de nostalgie et comme un monde étranger dérangeant, dont la verdure chatoyante qui offre une apparente sécurité peut à tout moment se révéler être un piège. L'excellent design sonore de «Tiger Stripes» assure au public une immersion totale dans cet univers fascinant, et crée une atmosphère magique entre attirance et répulsion.
Dans l'ensemble, «Tiger Stripes» prend un peu trop de temps pour vraiment prendre son envol. La transformation de Zaffan est troublante et inconfortable, dans le genre body horror, mais elle demeure longtemps en retrait et sans véritables conséquences. Lorsqu'enfin la jeune fille se libère, la scène est certes spectaculaire, mais cela demeure trop peu exploité, surtout par rapport au supplice de la transformation qui a précédé.
3/5 ★
Plus d'informations sur «Tiger Stripes»
Au cinéma le 10 avril 2024.
Bande-annonce de «Tiger Stripes»
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