Review26. Mai 2023

Cannes 2023 : «Vers un avenir radieux», Nanni Moretti s’en donne à coeur joie dans sa nouvelle comédie

Cannes 2023 : «Vers un avenir radieux», Nanni Moretti s’en donne à coeur joie dans sa nouvelle comédie
© Xenix Filmdistribution GmbH

De retour en compétition au Festival de Cannes, le réalisateur italien réjouit avec un film fantasque, dans lequel il joue un metteur en scène tourmenté.

(Une critique de Marine Guillain, depuis Cannes)

En 1956, la lumière débarque dans un quartier de Rome. Les habitants célèbrent cette révolution, tandis qu'un cirque hongrois s’installe dans ce quartier, où règne le parti communiste. Ces premières images que les spectateurs et spectatrices découvrent sont en réalité celles du film qu’un réalisateur d’aujourd’hui, Giovanni (Nanni Moretti lui-même) est en train de tourner. En pleine crise existentielle, au bord du burn-out, ce cinéaste imbu de lui-même est aussi égocentrique qu'envahissant. Celui qui donne des leçons à tout va, n’écoute personne et coupe la parole à tout le monde doit dealer avec tout un nombre de choses. Car malgré son habitude de toujours tout contrôler, rien ne se passe comme il le voudrait.

Sa femme (sublime Margherita Buy), productrice, travaille sur le film d’un autre réalisateur et veut quitter Giovanni. Sa fille (Valentina Romani) est amoureuse d’un Polonais bien plus vieux qu’elle. Son producteur français (Mathieu Amalric) est au bord de la faillite, tandis que son actrice principale (Barbora Bobulova) improvise et négocie le scénario, elle qui préférerait faire de ce film politique une histoire d’amour.

© Xenix Filmdistribution GmbH

«Vers un avenir radieux» («Il sol dell'avvenire» en version originale) est le seizième long métrage de Nanni Moretti. Il le présente en compétition à Cannes, vingt-deux ans après avoir remporté la Palme d'or avec «La chambre du fils». En plus de jouer avec la mise en abyme du film dans le film, le cinéaste italien réalise surtout une sorte d'autofiction - Giovanni et le vrai prénom de Nanni Moretti - facétieuse et emprunte de mélancolie, tout en mettant en perspective son amour pour le cinéma et son questionnement sur le monde qui change.

En plus de régaler le public avec son autocritique, le réalisateur de bientôt 70 ans joue avec la satire, cassant notamment du sucre sur les plateformes de streaming dans une scène hilarante où il rencontre des producteurs de Netflix. Mais avant toute chose, cette dramédie fantasque pleine de joie et de musique se regarde comme si l'on lisait une lettre d'amour au cinéma. Voilà une belle bouffée d’air en cette fin de quinzaine cannoise, dont on en sort en chantonnant.

4/5★

À découvrir au cinéma à partir du 28 juin

Plus d'informations sur «Vers un avenir radieux»

Bande-annonce «Vers un avenir radieux»

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