Review27. März 2019

« Boy erased » - Mon Père, vous m’envoyez aux galères

« Boy erased » - Mon Père, vous m’envoyez aux galères
© Universal Pictures International Switzerland

À aujourd’hui, on compte environ 700 000 jeunes américains envoyés dans ces centres pseudo-médicos pour suivre des thérapies de conversion ou de réorientation sexuelle comme ils les appellent. Sur les bancs de ces institutions infâmes, Joel Edgerton installe « Boy erased », son deuxième long-métrage après « The Gift ». Une plongée dans l’ultra conservatisme chrétien américain.

Jared Eamons (Lucas Hedges) est un adolescent comme l’Amérique en compte des milliers. Issu d’une famille chrétienne aisée de la ruralité américaine ; son père (Russell Crowe), propriétaire d’une concession automobile, officie comme pasteur baptiste et sa mère (Nicole Kidman) est reléguée aux bassesses ménagères d’une vie familiale décidément bien stricte. Alors quand Jared confesse son homosexualité devant ses parents, une seule solution s’impose : une thérapie de réorientation sexuelle. Dans les couloirs de ces galères chrétiennes, Jared rencontre d’autres adolescents et un thérapiste halluciné (Joel Edgerton).

Les mémoires de Garrard Conley (Boy Erased: A Memoir of Identity, Faith, and Family), ici portées à l’écran par Joel Edgerton, nous racontent la sévérité occulte et sauvage de l’ultra conservatisme chrétien américain. Garrard, Jared à l’écran, a 19 ans et rompt avec sa petite amie, l’explication fera l’effet d’une déflagration. Dans cette famille gouvernée par un patriarche pasteur baptiste, c’est convoqué devant un tribunal familial exceptionnel et devant quelques figures de l'église locale, que Jared sera forcé d’avouer son homosexualité. Le père est abattu. Voilà qu’une « bête galeuse » défroque sa foi chrétienne. Intolérable, il envoie son fils en réorientation sexuelle comme on irait piquer un chien. La mère reste impuissante.

Le thérapeutiste incarné par Joel Edgerton © Universal Pictures International Switzerland

Aussi répugnant soit-il, le sort alloué à ce jeune garçon est pourtant véridique. Le lavage de cerveau, la bêtise, l'obscurantisme, la pensée réactionnaire, les poncifs sur la masculinité, la féminité, la communauté LGBT, le sida et l’incitation à la haine (de soi) ; à commencer par les instructeurs, et le personnage interprété par Joel Edgerton, tout est à vomir dans ce programme. Quelques scènes intenses nous plongent en enfer. On pense à une procession interminable, un lynchage à coups de bible, une humiliation face à un cercueil ou une séance d'entraînement militaire. Face à l’hégémonie des idiots, Boy erased, et son casting (Nicole Kidman, Russell Crowe & Lucas Hedges), se repose sur son histoire et remplit le cahier des charges. Mouture classique, suffisante pour se faire porte-parole des horreurs, trop légère pour envoûter. Le pari n’en reste pas moins réussi.

En bref !

Un long-métrage élégant pour sensibiliser son audience, la facture n’en reste pas moins convenue. Pourtant, le personnage interprété par Xavier Dolan effleure les abords délicats du thriller psychologique. La destinée du personnage (trop) secondaire de Britton Sear vous sciera le coeur. Et si Boy erased surprend, c’est ici, en périphérie, au creux de ses histoires inexplorées.

3,5/5 ★

Plus d'informations sur Boy erased.

Is this article worth reading?


Comments 0

You have to sign in to submit comments.

Login & Signup