Kritik16. Oktober 2023 Cineman Redaktion
Critique de «Killers of the Flower Moon», le retour au sommet du roi Scorsese
Absent du festival de Cannes depuis en 1986, Martin Scorsese faisait son grand retour sur la Croisette en mai dernier pour y présenter «Killers of the Flower Moon», œuvre très attendue où se réunissent pour la première fois ses deux acteurs fétiches : Leonardo DiCaprio et Robert de Niro.
(Une critique de Kevin Pereira, depuis Cannes)
Oklahoma, 1920. Une tribu d’autochtones, le peuple Osage, découvre que ses terres sont gorgées de pétrole. Si cette découverte lui rapporte une fortune colossale, celle-ci est accompagnée par son lot d’envieux. William Hale (Robert de Niro) est l’un d’eux, et son plan pour dépouiller la tribu est tout trouvé : manipuler son neveu Ernest Bunkhart (Leonardo DiCaprio) et le marier à une locale, Mollie Kyle (Lily Gladstone).
Le récit de «Killers of the Flower Moon», Martin Scorsese l’a au fond beaucoup filmé : il s’agit d’une variation sur le «Rise and Fall» (ascension et chute) dont certains de ses films sont emblématiques : «Les Affranchis», «Casino». Mais si la mécanique narrative est bien connue, elle subit ici d’importantes distorsions : la chute n’y est plus un moment de l’élévation, mais l’élévation même. C’est-à-dire que, contrairement à ses films précédents, Martin Scorsese refuse de représenter le point culminant de l’ascension, cet instant avant l’effondrement où ses personnages se complaisent de façon régressive dans l’oisiveté.
Sur cet aspect, «Killers of the Flower Moon» apparaît assurément comme l’œuvre la plus pessimiste du cinéaste. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer la manière dont il représente la famille. Souvent élevée en espace de rédemption ou de réconciliation, la cellule familiale est ici filmée à l’exacte inverse : lieu de fausse familiarité, mais de vraie manipulation. La valeur cardinale a décidément perdu de sa splendeur.
La première conversation entre William Hale et son neveu atteste de ce regard déçu. Alors qu'Ernest Bunkhart retrouve son oncle après de longues années d’absence, ce dernier s’autorise une plaisanterie qui traduit sa mesquinerie reptilienne : « tu peux m’appeler mon oncle ou tu peux m’appeler Roi. » À ce titre, il convient de souligner le retour en forme de Robert de Niro qui trouve ici son meilleur rôle depuis très longtemps.
Reste les autres membres de cette distribution, dont les performances sont inégales : d’un côté, Lily Gladstone impressionne, mais, de l’autre, Leonardo DiCaprio déçoit par une interprétation au fond assez monolithique. Cependant, cette petite réserve ne doit pas nous faire oublier l’essentiel : «Killers of the Flower Moon» est une immense œuvre testamentaire qui jouira incontestablement d’une place privilégiée dans la filmographie du maître.
5/5 ★
À découvrir au cinéma à partir du 18 octobre
Plus d'informations sur «Killers of the Flower Moon»
Bande-annonce de «Killers of the Flower Moon»
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