Article18. August 2022

Les 7 meilleures séries queer de 2022

Les 7 meilleures séries queer de 2022
© CHRISTOS KALOHORIDIS/NETFLIX

Avec un début d’année riche en nouvelles séries queer, et face à des choix difficiles, nos séries préférées ont été sélectionnées tant pour leur écriture soignée que leur réalisation ambitieuse. Romance gay ou lesbienne, aventures où les identités queer sont secondaires ou au contraire sont sources du pouvoir des personnages, voici notre sélection.

(Article d'Eleo Billet)

1 – «Dead End : Le parc du paranormal»

En quête d’indépendance, Barney et Norma acceptent un emploi dans un parc d’attraction qui se révèle très vite hanté. Les deux ados se rapprochent alors lorsqu’iels font face à des créatures démoniaques.

À côté de l’humour plaisant et de l’enquête parfois effrayante, Hamish Steele, créateur de la série et des comics d’origine, a incorporé chaque facette de ses personnages dans le scénario avec soin. Ainsi, Barney trouve l’amour avec Logan et obtient de sa famille le respect de sa transidentité, tandis que Norma, qui est autiste, navigue entre son intérêt spécifique pour le parc, ses nouvelles amitiés et ses crises d’angoisses.

Si les thèmes se rapprochent de «Steven Universe», «Dead End» reste unique en son genre et embrasse l’héritage du meilleur des séries d’animation queer pour ados. Elle offre un récit fantastique et exaltant qui explore les défis de ses personnages, tout en permettant à Norma et son amoureuse Badyah d’affronter non pas des attaques sur leur identité desi mais des zombies et même la fin du monde.

2 - «Our flag means death»

Très librement inspirée de la relation entre deux capitaines, le gentleman pirate Stede Bonnet (Rhys Darby) et le légendaire Edward Teach ou Barbe noire (Taika Waititi), la nouvelle création de David Jenkins nous plonge dans une réinterprétation des grandes heures de la piraterie au 18e siècle.

Avec deux axes principaux, entre humour anachronique et romance tragiquement belle, la série révolutionne la représentation des pirates de l’hémisphère ouest, plus seulement des hommes sanguinaires, mais aussi des bourgeois blancs malheureux, des êtres traumatisés à l’équipage composé d’anciens esclaves et de combattant.e.s non-binaires.

Les retournements de situation, la composition des plans comme les somptueux décors de navires renforcent le charme de la série. De même, les pas moins de trois couples et autant de personnages queer, dont les deux capitaines, retournent les codes des œuvres historiques cis-hétéronormatives et enterrent pour de bon le queerbaiting.

3 – «Heartstopper»

Adaptation des superbes romans graphiques d'Alice Oseman, la série britannique suit la rencontre et l’amour qui s’en suit entre deux adolescents, Nick (Kit Connor) et Charlie (Joe Locke).

La passion des acteurices de même que l’histoire d’amour délicate, qui résonne avec la jeunesse queer du 21e siècle, font plaisir à voir. Mais la beauté et l’importance de «Heartstopper» passe aussi par la mise en scène qui sublime les fêtes, les premiers baisers et les échanges hésitants en ligne. Alors que l’histoire aurait pu prendre place dans une réalité fantasmée où les discriminations n’ont plus cours, la créatrice a intégré avec réalisme les queerphobies et le harcèlement scolaire que traversent les personnages, pour mieux les faire triompher.

En plus de la romance principale, la série met en avant d’autres personnages queer parmi lesquels Tara et Darcy qui hésitent à annoncer qu’elles sont en couple et la pétillante Elle, qui navigue entre les différents groupes d’ami.es depuis sa transition de genre.

4 - «Queer as Folk»

Retour réussi quoiqu’un peu brouillon de la série culte et queer née au tournant du 21e siècle. Cette réinvention se déleste des clichés des œuvres originales pour former son propre soap aux personnages variés, aussi attachants qu’agaçants.

Prenant place à la Nouvelle-Orléans, la série choisit comme catalyseur des tensions et rencontres un attentat dans une boîte de nuit, qui s’inspire de la tuerie d’Orlando. Sans exploiter les traumatismes de la communauté queer, «Queer as Folk» multiplie les genres (body horreur, comédie, romance) avec une mise en scène à la précision sans cesse renouvelée.

Face aux violences systémiques et intracommunautaires, le sexe et ses représentations seront la réponse. Aussi, si la série se ferme à un jeune public, c’est pour mieux créer des images encore jamais vues où des personnes handicapées, racisées et queer prennent du plaisir et célèbrent leurs corps comme leurs vies, à une époque où une contre-attaque se fait pressante.

5 – «This is going to hurt»

La série britannique adapte les mémoires de l’auteur et ancien médecin en obstétrique Adam Kay et rappelle que les personnes queer sont aussi des soignant.es et des patient.es à la recherche de compassion.

A cent lieues de «Grey’s Anatomy», la série nous fait rencontrer le service de gynécologie d’un hôpital public, dont la déliquescence se fait miroir des discriminations qui affectent la population anglaise. Le parallèle fait mouche grâce aux personnages touchants et à leurs interprètes. Ben Wishaw incarne Adam, fils de médecin, qui est mis en marge de par son métier très demandeur et qui souffre de la discrétion imposée à son couple gay.

A ses côtés, Shruti, la révélation Ambika Mod, une jeune interne de descendance indienne dont le métier et les études éprouvantes la poussent au suicide. Comédie dramatique donc, où le quatrième mur est régulièrement brisé, pour mieux nous confronter aux violences médicales et au triste état des lieux des droits des personnes queer en Angleterre en 2006.

6 – «Skam France» – Saison 9

La série qui a révolutionné la représentation des ados dans les séries françaises s’est achevée cette année avec deux saisons, dont l’une centrée sur la rupture entre deux jeunes lesbiennes Lola (Flavie Delangle) et Maya dont l’interprète Ayumi Roux crève l’écran.

Alors que les œuvres centrées sur l’amour entre deux jeunes femmes lesbiennes ou bies se multiplient, mais se ressemblent encore trop, rares sont celles qui abordent de front les conséquences d’un chagrin d’amour, car représenter des personnes queer heureuses reste encore la priorité. Pourtant, l’avant-dernière saison de Skam dépeint à merveille les deux faces d’une même relation, entre présent sombre et espoirs futurs où faire la paix avec son passé prend tout son sens.

7 – «Umbrella Academy» – Saison 3

Après son succès planétaire, la série est revenue avec une troisième saison qui, entre deux paradoxes temporels, ouvre la voie à une meilleure inclusion des hommes trans sur les écrans.

Déjà primée pour son écriture et ses effets visuels, la série revient plus forte et propose cette fois un quasi huit clos propice à approfondir les liens entre les adelphes Hargreeves, alors confronté.es à une nouvelle fin du monde. Si la saison 2 avait déjà mis en avant les amours queer de Klaus (Robert Sheehan) comme de Viktor, les nouveaux épisodes se concentrent sur ce dernier et sa transition. Mais à une variation éculée des coming-out entre rejet et tolérance, les scénaristes ont préféré une célébration entière de son identité par sa famille.

Ainsi, la transmasculinité de Viktor comme de l’acteur Elliot Page ne constitue jamais un obstacle et le personnage reste l’un des plus puissants de la série. D’ailleurs la relation avec sa sœur Allison (Emmy Raver-Lampman) explore également ses défauts et erreurs avec le respect que l’on espère désormais voir offert à tous les personnages et acteurices trans.

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