Ici et là-bas France 2024 – 90min.

Critique du film

Road trip à travers les terroirs français

Critique du film: Marine Guillain

Menée par Ahmed Sylla et Hakim Jemili, la nouvelle comédie de Ludovic Bernard aurait pu être un feel good movie plein d’esprit, mais s’embourbe dans une caricature ennuyeuse.

Gros problème pour Adrien (Hakim Jemili): installé au Sénégal depuis quinze ans, prêt à accueillir son premier enfant avec sa femme Aminata, il est soudain renvoyé en France à cause d’une histoire administrative improbable. Parallèlement, le cousin de sa femme, Sékou, s’est complètement éloigné de ses origines sénégalaises. Caricature du Français type qui rentre bien dans le cadre, il donne tout dans son travail et rêve d’une promotion. Mais sa cheffe le met en compétition avec un collègue pour le poste et l'envoie sur les routes des marchés de France pour vendre leur concept aux maraîchers et maraîchères.

Vous l’aurez deviné: Adrien n’a d’autre choix que de faire équipe avec Sékou, le temps de trouver une solution pour rentrer chez lui. Dans un road trip qui passera par la Normandie, la Bretagne ou encore la Provence, l’entente entre les deux hommes que tout oppose va s’avérer ardue… D’autant plus que Sékou, qui a toujours démarché par téléphone, craint plus que tout la réaction des clients et clientes lorsqu’ils découvriront qu’il a la peau noire…

Pour «Ici et là-bas», Ahmed Sylla retrouve le réalisateur Ludovic Bernard, qui l'avait découvert et lui avait donné le premier rôle de «L’Ascension», en 2017. À l’époque, ce premier long métrage avait décroché à la fois le Grand prix et le Prix du public au Festival de l’Alpe d’Huez. La prestation de l’humoriste fait mouche et le duo qu’il forme avec Hakim Jemili fonctionne, la complicité entre les deux acteurs étant palpable (tous deux avaient déjà partagé l’affiche de la comédie «Classico»).

Aborder avec finesse et humour le racisme et les clichés sans tomber pile dans ce qu’on dénonce est toujours une affaire délicate. «Ici et là-bas» n'échappe pas aux pièges, renforçant notamment les idées reçues sur les Français et les Africains et forçant sur des blagues que l’on voit venir à trois kilomètres. Il parvient toutefois à sauver le tableau grâce à un peu d’autodérision bienvenue.

Passons sur la fin affligeante, assumant pleinement un «tout est bien qui finit bien» dégoulinant de bons sentiments. La quête du héros pour trouver et assumer son identité n’est pas complètement dénuée d’intérêt. Davantage touchant que comique, le long métrage se place ainsi dans le registre de la comédie initiatique, suivant le chemin - à la fois sur les routes et à la fois intérieur - de Sékou.

(Alpe d'Huez 2024)

21.03.2024

2.5

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