Adios Buenos Aires Argentine 2022 – 94min.

Critique du film

Récession à quatre temps

Critique du film: Laurine Chiarini

Buenos Aires, novembre 2021 : en pleine récession, Julio et son orchestre de tango essaient de survivre. Rêvant d’un avenir meilleur en Europe, le joueur de bandonéon voit ses plans contrecarrés par une collision fortuite en queue de poisson.

En 2001, la crise fait rage en Argentine. Sur fond de chômage et de corruption, qu’est-ce que les habitants peuvent-ils encore espérer ? Tenté par un exil européen, ayant tout prévu, le destin semble se liguer contre Julio (Diego Cremonesi) pour faire échouer ses plans. Du jour au lendemain, le gouvernement gèle les avoirs des citoyens ; sa fille adolescente renâcle à partir et Mariela (Marina Bellati), chauffeuse de taxi effrontée, entre dans sa vie avec fracas. Face au désespoir, restent l’amitié, la famille et les traditions, saupoudrées d’un zeste de romantisme.

Comme un refrain en contrepoint qui ponctue le récit, les nouvelles télévisées, bombardées par le tube cathodique en arrière-fond, deviennent de plus en plus funestes, affichant tour à tour les décisions d’un gouvernement corrompu qui ne sait que serrer la vis, et les réactions du peuple, descendu dans la rue. Tapant sur des casseroles, les citoyens protestent contre l’insécurité et la pauvreté. Le mouvement, qui avait dégénéré en affrontement meurtrier, avait fait des dizaines de morts. Pris dans les affrontements, Atilio, violoniste du groupe, ira jusqu’au bout pour défendre ses valeurs de morale et d’honnêteté.

La révolte qui gronde en trame de fond, l’histoire d’amour cahoteuse (et chaotique) naissante entre Julio et Mariela en parallèle : la vraie star, ce n’est pas un personnage, mais le tango, dénominateur commun et ciment social qui rassemble et lie les gens. Argentin d’origine vivant en Allemagne, le réalisateur German Kral n’est pas étranger au monde de la musique. Adios Buenos Aires est son premier long métrage de fiction. Ayant travaillé pour le cinéma et la télévision, collaborateur de Wim Wenders, il a notamment tourné des documentaires sur le tango de Buenos Aires et la musique cubaine. 20 ans plus tard, l’idée d’un « bar à tango à Buenos Aires » a finalement été portée à l’écran.

Construite sur des chansons populaires du répertoire de tango argentin, la bande-son peut compter sur un allié de choix : Carlos Morel, chanteur argentin bien connu dans son pays. Dans le film, Ricardo Tortorella est un chanteur reclus dans une maison de retraite. À force de patience et persuasion, Julio et sa bande finissent par le convaincre de les rejoindre, augurant d’un regain de popularité et de revenus plus substantiels. Comédie sur fond de drame social, Adios Buenos Aires revient sur une période marquante de l’histoire argentine. La fin, beaucoup trop prévisible, n’empêche pas de faire de ce film un sympathique divertissement.

27.02.2024

3

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Commentaires

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geradupo

il y a 1 mois

Gentil petit film tout en douceur. Choix du metteur en scène d’avoir romancé la situation économique difficile des argentins. J’ai passé un bon moment mais je n’en garderais pas un souvenir marquant.


Eric2017

il y a 1 mois

Ce film est une pépite, tant dans la mise en scène que par le sujet traité qui est simple ainsi que dans l'interprétation des acteurs et actrices. Tout y est bien raconté et l'ensemble est accompagné de tango argentin. Par chance il n'est à voir qu'e V.O. (G-29.02.24)


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