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Les critiques du Jury des jeunes au FFFH enfin dévoilées !

Théo Metais
News: Théo Metais

Cette année encore, le Festival du Film Français d’Helvétie a permis à 5 jeunes passionnés d’exprimer leurs émotions cinéphiles. Présidé par un professionnel du cinéma, Thierry Luterbacher, le Jury des jeunes a été chargé de visionner et d'évaluer 5 films appartenant à la Sélection du FFFH. Par la suite, chaque membre du Jury s’est équipé du talent de conteur et a rédigé deux critiques. En partenariat avec le FFFH, voici deux de ces brillants travaux. Les autres seront publiés au fur et à mesure.

Les critiques du Jury des jeunes au FFFH enfin dévoilées !

© FFFH – Meyer & Kangangi – avec Tabea Wschiansky, Julia Schubiger, Alice Gachot, Luca Longo, Stefano Christen et Thierry Luterbacher (Président).

Cigarettes et chocolat chaud

De Sophie Reine

« Si la porte est fermée, on passera par la fenêtre », s’exclame une des enfants Patar. Ces paroles résument assez bien la philosophie de la famille. Ses membres sont des personnages décalés qui n’échangeraient leur vision particulière de la vie pour rien au monde.

Vers la reconstruction d’un cocon familial

Cigarettes et chocolat chaud, c’est avant tout l’histoire d’une famille joyeuse qui se heurte avec difficulté aux règles et aux normes de la société. Dans son foyer, Denis a créé un monde féérique et préserve ses deux filles dans l’univers magique de l’enfance. Cependant, ce parent unique est surmené par le travail, et certaines de ses méthodes d’éducation restent pour le moins arbitraires. Une enquêtrice sociale s’en aperçoit et force l’irresponsable papa à intégrer un programme pour devenir un père modèle… et modelé par le système. S’en suit une aventure humaine où chacun va apprendre de l’autre : enfant, adulte et professeur ; le film renversant souvent les rapports de force logiques. Finalement, toute la famille sortira grandie de cette épreuve, et les Patar construiront leur propre vision de l’éducation, non sans intégrer certaines méthodes inspirées par les cours auxquels le père a participé. L’univers merveilleux des Patar devient alors un lieu propice à l’éducation de jeunes filles : un véritable cocon familial.

Le spectateur, un Patar à part entière

« Si la porte est fermée, on passera par la fenêtre », s’exclame une des enfants Patar. Ces paroles résument assez bien la philosophie de la famille. Ses membres sont des personnages décalés qui n’échangeraient leur vision particulière de la vie pour rien au monde. Les Patar nous proposent, à nous aussi, de passer par la fenêtre (et peut-être aussi par la toile sur laquelle l’œuvre est projetée) pour faire un saut, le temps d’une heure et demie, dans le fabuleux cirque des Patar. Le public y sera traité comme un membre de la famille (prendrait-il le rôle de cette mère qui manque tant aux deux filles ?), stimulé par les échanges complices des personnages qui partagent notamment de nombreux regards et clins d’œil à la caméra, qui traversent les limites du films pour nous atteindre.

La chambre transformée en cirque

Malgré une esthétique sincère, beaucoup d’humour et une immense volonté de bien faire, le film déçoit tout de même, peut-être justement à cause de cette trop grande envie de bien faire. Le spectateur peine à se frayer un chemin dans ce chapiteau d’images plus fantasques les unes que les autres ; finalement, l’excès de procédés filmiques invraisemblables et les numéros d’improvisation du scénario viennent à bout des plus courageux : l’œil sature. On se croirait dans une chambre d’enfants en désordre après que ces derniers aient passé tout l’après-midi à jouer. Le spectateur prend son rôle de parent à cœur et demande au film de faire un peu d’ordre avant d’aller se coucher. Il n’empêche, cette production offre à tous, petits et grands, un billet pour un spectacle de cirque farfelu et drôle. Une entrée, par la fenêtre, vers un monde féérique qui, sous certains aspects, donne bien envie de rester un peu plus longtemps pour se divertir avec les Patar ; et enfiler, à l’image d’une des filles de la famille, un t-shirt sur lequel sourient ces mots : « Un autre monde est possible ».

Stefano Christen, membre du Jury des Jeunes 2016

Toutes les informations sur le Jury des Jeunes du FFFH 2016

Quand on a 17 ans

De André Téchiné

« On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans. »

Rimbaud écrivait « On n'est pas sérieux, quand on a 17 ans » dans Roman en 1870. À voir les deux garçons filmés par André Téchiné, on se dit que la vie est plus complexe qu'une poésie, que les poings sortent plus vite que les mots, et que, finalement, c’est sacrément sérieux d’avoir 17 ans !

« On se sent aux lèvres un baiser ; Qui palpite là, comme une petite bête… »

Le film saisit la maladresse des premiers sentiments, la peur des premières étreintes et des premiers baisers. Il magnifie aussi la tension amoureuse (et même érotique) qui sert à son rythme et ses enjeux, tension dans les attitudes, dans les gestes et les regards qu’incarnent fièrement Kacey Mottet Klein et Corentin Fila, dont c’est le premier rôle.

« J’ai besoin de savoir si je suis attiré par tous les mecs ou seulement par toi. »

Lors de la discussion qui a suivi la projection du film, Kacey Mottet Klein nous apprenait que Téchiné n’a jamais parlé d’homosexualité pendant le tournage, il parlait d’une histoire d’amour. Et là est toute la beauté de ce film. Le réalisateur expose une relation entre deux adolescents avec une finesse magnifique. Ce sont autant de moments rares et intenses, mais surtout profondément bouleversants qui sont évoqués sans jamais être excessifs.

« Donc j’ai proposé à ce que Tom vienne chez nous pour l’instant pour l’aider à travailler. »

Quelle mère proposerait au garçon avec qui son fils se bat constamment de vivre sous son toit ? De plus, l’événement dramatique qui survient au deux tiers du film est si prévisible qu’il en devient énervant. Enfin, des détails insignifiants tels que la médecine de campagne, l’armée de terre et l’adoption, semblent présents uniquement pour gagner du temps, pour retarder le moment d’aborder pleinement le sujet principal du film, c’est-à-dire l’amour à 17 ans. La sensation du spectateur est que la relation entre Tom et Damien nécessite des moteurs pour avancer. Mais c’est faux ! Leur histoire se suffit à elle-même. Toute la beauté, toute l’intensité des rapports conflictuels et amoureux du début se fragmentent au fur et à mesure pour dévier vers quelque chose de fade, de convenu. Ces à-côtés du scénario sont si encombrants, maladroits, voire absurdes qu’ils atténuent la force première du film.

Quelle est la valeur de l’esthétisme ?

L’esthétique du film est magnifique, certains plans-séquences, notamment ceux dans la neige, sont à couper le souffle, mais il manque un sens derrière ce cadrage, cette caméra et ces couleurs. Quant à la musique utilisée, nous assistons à un choix presque scandaleux ! J’aurais aimé découvrir un film plus nu, plus brut, traitant d’une romance maladroite, passionnée et aux angles pas toujours arrondis, exposée sans l’aide d’aucun artifice.

Résultat de l’équation

À la sortie de la salle, c’est comme si on avait pu observer deux films, l’un par obligation, l’autre par désir. Malheureusement, la cohabitation de ces deux films est malsaine : ils s’annulent mutuellement. Si bien qu’aujourd’hui, je n’ai rien vu d’absolument génial, rien d’absolument mauvais non plus, donc rien d’absolu en somme.

Julia Schubiger, membre du Jury des Jeunes 2016

Retrouvez toutes les informations sur cette 12ème édition du FFFH

26 septembre 2016

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