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Le cinéma suisse à l’honneur dans la sélection Cannes Classics

Théo Metais
News: Théo Metais

La prestigieuse composition du jury a été dévoilée et déjà le manège médiatique cannois s’emballe sur la toile. Seulement, ce remous nous aura évincé de nouvelles moins frivoles, car cette année encore, le cinéma suisse est à l’honneur. Parmi les sélectionnés de la Quinzaine des réalisateurs, la croisette accueillera Romand Claude Barras et Remo Scherrer qui présenteront chacun un long métrage d’animation. Il existe cependant une sélection plus discrète, Cannes Classics, dans laquelle sera présentée en première la restauration numérique du chef d’œuvre suisse de Leopold Lindtberg : La Dernière Chance/Die Letze Chance sorti en 1945.

Le cinéma suisse à l’honneur dans la sélection Cannes Classics

Cette sélection permet de revivre quelques anciennes émotions cinéphiles mais c’est aussi l’occasion de présenter la restauration de films plus rares, comme cette année la perle du réalisateur Lindtberg.

Admiré par Henri Langlois, bercé de louanges par Alfred Hichcock, Leopold Lindtberg réalisera en 1945 sans nul doute l’un des films les plus importants de l’histoire du cinéma suisse. La Dernière Chance/Die Letze Chance obtiendra d’ailleurs l’un des Grand Prix du Festival de Cannes lors de sa première édition en 1946 et un Golden Globes en 1947. L’histoire se situe au nord de l’Italie en 1943. Un lieutenant britannique et un sergent américain s’évadent de prison et viennent en aide à deux réfugiés juifs pour franchir la frontière vers la Suisse. Le film est une œuvre politique. Tourné pendant les heures sombres de la guerre, il pose la question des réfugiés et interroge la politique d’asile du pays d’Heidi. Malgré les contraintes liées à la production d’une ode aussi critique, le succès est immédiat et le film sera vu par plus d’un million de spectateurs en Suisse.

Leopold Lindtberg s’exprimera avec une profonde sagesse sur son travail «l'histoire de ce film n'est qu'un inoffensif conte de fée comparé aux faits réels. (...) Ce n'est pas un film pour ceux qui ont connu le malheur mais pour tous les autres, les heureux, les épargnés, afin que cela les incite à réfléchir ». Si ce film est encore aujourd’hui considéré comme l’un des chefs-d’œuvre du 7ème art, c’est aussi pour sa capacité à trouver une résonnance dans les problématiques sociales de notre époque. La voix off qui plane pendant les dernières minutes du film trouve un écho amer au cœur de nos vicissitudes modernes «Des millions d'hommes en Europe parcourent le même chemin. Un jour ils retourneront enfin chez eux » …

Pour les paillettes d’une célébrité posthume, Lindtberg aura le seul défaut de ne pas être américain. Il n’en reste pas moins le fabuleux témoin d’une époque et surtout, un visionnaire oublié que la sélection cannoise permettra de remettre à l’honneur.

28 avril 2016

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