Impairs et fils Suisse 2018 – 89min.
Critique du film
Mon père ce zéro
Deuxième long-métrage du réalisateur suisse Jeshua Dreyfus, Impairs et fils narre la relation amour-haine entre un fils et son père. Alors que ce dernier part en vacances, Simon se laisse embarquer dans une drôle d’aventure avec la maîtresse de son père, sans imaginer les bouleversements familiaux qu’elle va provoquer.
Simon profite d’une réunion de famille qui célèbre les 60 ans de son père Karl, un psychiatre renommé, pour présenter sa copine à ses parents, mais comme d’habitude, ces derniers sont préoccupés par d’autres affaires : Karl vante notamment à Simon la jeunesse qu’il a retrouvée depuis qu’il couche avec Sonja, sa nouvelle secrétaire. Alors que ses parents partent en voyage et qu’il est chargé de retranscrire le livre de son père pendant leur absence, Simon entame un jeu du chat et de la souris avec Sonja sans avoir réellement conscience des conséquences qu’il va entraîner.
La première scène d’Impairs et fils suffit à démontrer la complexité de la relation entre les deux hommes : Karl n’approuve pas le choix de carrière de son fils, qui peine à percer en tant qu’illustrateur, tandis que Simon est accablé devant l’énième conquête de son père. Jeshua Dreyfus signe ainsi un habile scénario dans lequel il dresse de nombreux parallèles, notamment entre l’infidélité de Karl et la retranscription que doit faire Simon du livre dans lequel le psychiatre évoque l’amour idéal, à mille lieues de la réalité. Inévitablement, à force d’être confronté au mensonge, il n’est pas étonnant de voir Simon répéter les mêmes erreurs que son paternel.
Bien qu’il se focalise principalement sur Simon, le film gère convenablement les diverses interactions entre les personnages. L’intense relation père et fils doit beaucoup au jeu des comédiens, en particulier Dani Levy qui joue le père et qui n’hésite pas à user de son charme et de son sourire narquois pour atténuer les propos crus qu’il peut avoir envers son fils, interprété par un Dimitri Stapfer plus réservé.
Même si cette histoire a un air de déjà-vu, elle peut compter sur le mouvement perpétuel de la caméra qui suit sans cesse les personnages, conférant ainsi au film une belle fluidité. En revanche, il faut avouer que l’image et la lumière sont un peu ternes. S’il s’agit d’un choix volontaire du réalisateur qui estime que les belles images ont tendance à distraire le spectateur du contenu plus important, il n’en demeure pas moins qu’un soin apporté aux décors ou à la photographie aurait permis de rendre le long-métrage plus attractif sur un plan visuel.
En bref!
Récit d’une complexe relation familiale, Impairs et fils peut compter sur ses comédiens investis et la plume de son scénariste pour nous livrer une plaisante histoire remplie de rebondissements. Dommage toutefois que l’aspect visuel ne soit pas à la hauteur du scénario.
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