Les estivants France, Italie 2018 – 128min.
Critique du film
L’hostilité entre les murs
Projeté hors-compétition à l’occasion de la dernière Mostra de Venise, Les Estivants conte l’histoire d’une femme et ses péripéties familiales. Un chagrin d’amour, un film difficile à financer ; Anna (Valeria Bruni Tedeschi) est aux abois dans tous les sens du terme. Elle pense naïvement que ces quelques jours au soleil vont réussir à gommer son mal-être. Son escapade se transforme en bataille quotidienne, où les vieilles rancunes vont exploser à la lumière du jour. Une maison aux apparences somptueuses, mais l’ambiance est loin d’être aussi belle à l’intérieur.
Luca (Riccardo Scamarcio) est comme absent. Sa femme, Anna, transpire le bonheur, son amour paraît même exagéré, elle l’embrasse sans arrêt. Mais si Lucas le ténébreux ne lui rend pas son amour, pour lui le divorce est consommé. Anna le voit s’éloigner et perd les pédales. Alors qu’elle doit défendre son film pour des financements, elle s’enlise dans un dédale labyrinthique sentimental. Et patatra, Anna voit sa vie amoureuse lui glisser entre les doigts. Le point de départ d’une longue remise en question à travers les différents membres de la famille, employés ou encore amis.
C’est à elle de broyer du noir, à s’énerver pour un simple emplacement de table, à déballer sa vie comme ça au beau milieu d’un dîner familial, ou à ternir l’ambiance avec des confessions étranges. Derrière les peines de coeur, il y a un vrai exorcisme personnel pour Bruni Tedeschi. Elle a les crocs et le besoin d’étaler ça en public, de commenter, avec aigreur, les agissements de son beau-frère, Jean (le très bon Pierre Arditi), lui qui a fermé sa société et s’est volatilisé avec l’argent. Sans un mot. Un commentaire sociopolitique jumelé aux multiples chagrins de chacun. Tout ce petit monde, derrière les magnifiques murs de la propriété évolue dans l’incertitude et la tristesse, ou encore dans le jugement.
Dans ce registre tendu, pléthore de noms s’amusent à nager dans une pièce de théâtre à ciel ouvert. Valeria Golino, Yolande Moreau, Noémie Lvovsky, Laurent Stocker, Pierre Arditi, Bruno Raffaelli s’amusent à écorner un peu plus une famille désemparée. Bruni Tedeschi embarque tout ce petit monde dans une longue réflexion autocentrée. Elle les oublie en chemin, ne les fait pas vivre. Même sa mère, Marisa Borini est cantonnée à la figuration. À trop appuyer, la fresque (très) personnelle de la réalisatrice vire dans la mise en scène théâtrale exagérée et sombre dans la caricature comico-dramatique familiale.
Une auto-fiction ressemblant à s’y méprendre à une psychanalyse. Les nombreux personnages sont prisonniers du subconscient de Bruni Tedeschi, comme des pantins juste placés là, pour élever un peu plus son auteur. Les Estivants est un exorcisme, mais également une pseudo diatribe de sa propre famille. Dans un sens, Bruni Tedeschi semble vouloir se rassurer elle-même.
En bref !
Un huis-clos théâtral bien désordonné. Des personnages qui peinent à trouver véritablement leur place. Une oeuvre qui s’étire de tout son long pour n’accoucher de pas grand chose. Les Estivants nous laisse à quai, se morfondant dans une énième chronique familiale verbeuse. Des petits secrets familiaux inexploités et des moments fugaces d’une mère tout simplement paumée au milieu des siens. Pas grand chose à se mettre sous la dent.
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Commentaires
“Le charme indiscret de la bourgeoisie”
Anna souhaite écrire un film sur sa famille, endeuillée par le décès de son frère. Alors qu’elle doit les rejoindre dans le sud de la France, son mari Luca lui annonce qu’il va la quitter.
Valéria, derrière et devant la caméra, poursuit sa thérapie. Elle exorcise ses douleurs et peines intimes en des héroïnes au bord de la crise de nerf. A l’image de sa propre fille, petite Sénégalaise adoptée, on observe à distance ce microcosme en pleine déliquescence. « Ça a l’air beau comme ça, mais c’est tout pourri à l’intérieur », dit-on du château magnifique qui sert de théâtre à cette troupe. On cherche à démêler le vrai du faux dans ces portraits détournés de Louis, Carla et Nicolas. Marisa Borini, propre mère de l’actrice, est encore fidèle au rendez-vous. Face à ces bourgeois en faillite, le petit personnel, enlaidi, hagard et dépassé, n’est pas non plus à son avantage, même si l’amour existe encore.
Dans ce cinéma hanté par les fantômes du passé, Valéria virevolte, s’expose pour mieux disparaître dans le brouillard. Il ne reste que peu de place pour le spectateur, pièce rapportée. Pas à son aise, comme Nathalie, l’amie co-scénariste Noémie Lvovsky, il est alors temps de plier bagage et s’en aller.
5/10… Voir plus
Dernière modification il y a 5 ans
Beaucoup trop long ! La description de cette famille, et si en plus elle est autobiographique, me donne juste l'envie de ne pas en faire partie. Je l'ai même trouvé par moment malsaine. Pourtant tout commence bien, et ce jusqu'à l' "Acte 3". Ensuite je l'ai trouvé décousu. (G-03.02.19)
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