Quand la caméra s’invite au tribunal : 5 films de procès incontournables

Comment se préparer à l’arrivée de la Palme d’or «Anatomie d’une chute» dans les salles ? Peut-être en (re)découvrant ces 5 films de procès absolument incontournables.

(Un article de Kilian Junker)

Cérémonial tout droit sorti d’un autre âge. Hiérarchie immuable. Costumes hautement cinégéniques. Pas de doute, le cinéma devait s’emparer du tribunal. Et cela malgré de lourdes contraintes, dont l’unicité de lieu, l’imperméabilité du vocable de la justice ou encore la forme, constante, qui placerait le verdict en climax émotionnel du film. Passages obligés ou écueils à éviter, voilà donc l’enjeu que devra manipuler un cinéaste pour s’inscrire dans la lignée des grands films de procès et renouveler un genre qui a parfois tendance à prendre la poussière.

Le sacre de Justine Triet pour «Anatomie d’une chute», venant de remporter la Palme d’or, nous déroule ainsi le tapis rouge pour évoquer ces films de procès qui ont marqué à l’encre indélébile l’histoire du septième art. Entre classiques intemporels et sorties encore toutes fraiches, voici un tour d’horizon en cinq incontournables du genre.

Le plus féministe : «Saint Omer» (2022)

«Saint Omer» d’Alice Diop a su secouer les esprits en s’emparant d’un fait-divers réel : l’histoire de Laurence Coly et de son infanticide, perpétré sur une plage de la Manche. Ce destin de femme racisée, alternant hautes études et détresses amoureuses, se soldera dans la destruction du fruit de sa propre chair. Une narration époustouflante, où la comédienne finira par imprégner le tribunal et terrasser toute la cour avec sa sordide histoire de Médée moderne.

Le plus mythique : «Douze hommes en colère» (1957)

Un jury populaire composé de douze hommes doit statuer sur la peine à infliger à un jeune à peine majeur, accusé de parricide : acquittement ou peine de mort ? Un large spectre de possibles qui va permettre au réalisateur américain Sidney Lumet d’explorer le système de valeurs de chacun de ses protagonistes et d’embarquer dans cette réflexion le spectateur. Un film incontournable du genre, respectant l’unicité de temps, de lieu et d’action, accompagné d’une mise en scène appuyant de plus en plus le sentiment d’asphyxie des personnages. Classique et très accessible !

Le plus en avance : «Erin Brockovich, seule contre tous» (2000)

L’histoire d’une mère divorcée, incarnée par Julia Roberts, qui va, au cours d’un petit boulot dans un cabinet d’avocats, tirer sur le fil d’une étrange affaire d’empoisonnement, et qui va prendre des proportions ahurissantes. Traitant du thème des passe-droits accordés aux mégastructures et de celui de l’écologie, ce film de Soderbergh aura valu à son actrice principale son premier Oscar. Un film en avance sur son temps, moins enfermé que les autres longs-métrages de cette liste, mais tout aussi passionnant !

Le plus engagé : «Philadelphia» (1993)

Chef-d'œuvre de Jonathan Demme, «Philadelphia» raconte la chute d’Andrew (incarné par Tom Hanks), un brillant avocat qui voit sa carrière se dérober sous ses pieds lorsque ses patrons apprennent qu’il est atteint du sida. Bouleversant, évidemment, le film se veut aussi une réflexion sur les a priori, enrobé d’une mise en scène plongeant le spectateur dans les abîmes du drame qui se joue sous ses yeux. Et bonus ? Des choix musicaux parfaits, entre Springsteen, Neil Young et Maria Callas…

L’incontournable : «Autopsie d’un meurtre» (1959)

Deux compères, anciens avocats, se retrouvent ébranlés par un meurtre qui fait la une des journaux. Un militaire a tué de sang-froid un homme qui venait de violer son épouse. Il n’en faut pas moins pour réveiller les deux acolytes, bien décidés à défendre le prévenu. Réalisé par l’immense Otto Preminger et faisant tourner, entre autres, James Stewart, ce film est la référence avouée de Justine Triet pour son « Anatomie d’une chute ». Interrogation habile sur cette matière étrange qui nourrit la bête judiciaire, mélasse de faits et d’impressions, de vérités et d’images… Peut-être le film le plus important du genre !

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