Review26. Februar 2024

Critique de «Rivière», pour ne pas rester de glace

Critique de «Rivière», pour ne pas rester de glace
© Outside the Box

Présenté dans la sélection Cinéastes du Présent à Locarno, «Rivière», du réalisateur Hugues Hariche, dévoile de récit de Manon, une ado qui fuit la Suisse pour Belfort dans l’espoir de retrouver son père. Au cinéma le 28 février.

(Une critique de Laurine Chiarini, Locarno 2023)

Manon (Flavie Delangle), ado franco-suisse de 17 ans, fugue de Suisse pour rejoindre Belfort. Son but ? D’abord, retrouver un père qui l’a abandonnée, puis réaliser son rêve de rejoindre une équipe de hockey professionnelle. Têtue, mais talentueuse, elle devra trouver sa place au sein d’un microcosme ultra-compétitif tout en étant forcée de grandir parfois trop rapidement.

Rivière : des lettres floquées sur un maillot de hockey trop grand et un nom, celui d’un père que recherche obstinément Manon, ado franco-suisse de 17 ans qui a fugué de Coire, dans les Grisons, pour la non moins grise Belfort. Premier long métrage du réalisateur franco-suisse Hugues Hariche, présenté dans la section Cineasti del presente à Locarno, son parcours international (il vit aux États-Unis) s’y reflète d’une façon discrètement amusante. En effet, qui, hors de Suisse, connaît la ville de Coire ? Afin de ne pas perdre les spectateurs, la jeune fille est simplement surnommée «la Suisse».

Locarno 2023 : «Rivière», pour ne pas rester de glace
Flavie Delangle dans «Rivière» © Outside the Box

Le film rappelle «Olga», du Français Elie Grappe, qui vit aussi en Suisse. Ado ukrainienne et gymnaste pro, «Olga» venait se frotter aux duretés de l’entraînement à Macolin, en Suisse. Mais les plus sévères ne sont pas ceux que l’on croit : pour les deux adolescentes, le juge le plus implacable et le bourreau le plus brutal, ce n’est pas l’entraîneur, mais elles-mêmes. Repoussant sans cesse leurs limites physiques, évoluant dans un environnement ultra-compétitif, ces jeunes se distinguent facilement des autres : leurs corps sont couverts d’ecchymoses, qui ne les émeuvent guère tant elles en ont l’habitude.

Le cinéaste visait une esthétique des années 90 : c’est plutôt réussi. Entre les néons bleutés de la patinoire et la glace, qui reflète la lumière autant qu’elle permet de glisser à toute vitesse, la caméra s’attarde en plans rapprochés sur les visages avant de suivre au ras du sol les coups de lames endiablés des équipes en compétition. Des récits parallèles, celui de Karine, patineuse artistique, pose un regard tout sauf glamour sur un sport qui, pour quelques minutes de grâce offertes aux yeux des spectateurs, demande des années de sacrifices.

«Rivière» © Outside the Box

Adolescence oblige, Rivière est également un récit d’apprentissage, de responsabilités que l’on prend – et, parfois, que l’on est forcé d’assumer, de découvertes et de chassés-croisés amoureux. Rien n’est simple pour l’ado fugueuse, qui se raccroche à un seul rêve : jouer en équipe féminine à un niveau professionnel. Servi par un casting efficace et malgré une fin quelque peu court-circuitée, «Rivière» offre un récit convaincant.

3/5 ★

Le 28 février au cinéma.

Plus d'informations sur «Rivière».

Bande-annonce de «Rivière»

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