Critique13. Juni 2018 Theo Metais
«Ocean's 8» - Debbie et ses drôles de dames
Plus de dix ans après le dernier volet de la trilogie de Steven Soderbergh, la saga est remise à flot sous la direction de Gary Ross (The Hunger Games, The Free State of Jones) et le réalisateur signe déjà l’un des retours de franchise les plus réussis de l’année.
Après s’être faite généreusement entubée, Debbie Ocean (soeur de Danny Ocean) vient de purger 5 années de cabane et la voilà aux portes d’une vie rangée. Du moins c’est ce qu’elle avance dans un dernier entretien avant de passer définitivement la porte du pénitencier. Outrageusement surjoué et parfaitement drôle, Arsène “Lupine” joue du pipeau, à peine repentie … Ocean un jour, Ocean toujours, voilà cinq années qu’elle mijote un casse magistral: Dérober une rivière de diamants, le collier Jeanne Toussaint de Cartier, lors de la cérémonie du Met Gala à New York.
En 1960, les crooners du Rat Pack (Frank Sinatra, Dean Martin et Sammy Davis, Jr.), démarraient l’aventure Ocean sous l’égide des bandits belles gueules en smoking. A l’aube des années 2000, la trilogie Soderbergh remet à l’honneur les gentlemen du braquage et «Ocean's 8» se revendique allègrement de cette tradition américaine. Des histoires certainement trop patriarcales aujourd’hui, désuètes, mais le twist féminin permettra de prendre les clichés du genre à revers et de s'en amuser généreusement sur fond de guerre des sexes.
Joli pendant de sa version masculine, le casting porté par Sandra Bullock (Debbie) est aussi irrésistible que stéréotypé. Composé avec malice, le duo Anne Hathaway/Helena Bonham Carter sera sans doute le plus tordant. De Amita (Mindy Kaling), la diamantaire des faubourgs indiens de New-York à Constance (Awkwafina), gavroche skateuse et pickpocket intrépide, jusqu’à Lou, une taulière de club, magouilleuse et bikeuse (assez pâlement incarnée par Cate Blanchett); en passant par l’élégance à la française, les médias, la mode et les galas de charité mondains, tout le monde en prend pour son grade et avec une certaine maîtrise de l’auto-dérision.
«Ocean's 8» n’en est pas débordant d’originalité pour autant et les fantômes des précédents volets sont omniprésents. Le film est d’ailleurs dédié à Jerry Weintraub (†77), grande figure de la production hollywoodienne, décédé avant le tournage en 2015 et à qui l'on devait les Ocean 12 et 13 et le rapprochement des équipes pour ce revival. Il y a des airs d’hommage certes discutables, mais la réussite est ailleurs. «Ocean's 8» n’est jamais qu’une vaste farce servie avec un swing endiablé. Un feel-good movie élégant cochant les cases du genre. Debbie et ses drôles de dames volent dans les plumes d’une cavalcade people qui mérite bien quelques moqueries. Entourlouper les hautes sphères pour servir les démunis, Robin des Bois était un philanthrope. Ici la chose est égoïste, revancharde, légère et presque burlesque. Un remake des moins nécessaires mais curieusement efficace.
Note de la rédaction -> 4/5 ★
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