Une réalisatrice iranienne passible de la peine de mort

Tahmineh Milani, réalisatrice iranienne mondialement connue, risque aujourd'hui la peine capitale, après avoir été arrêtée au début de l'automne sur ordre du Tribunal révolutionnaire de Téhéran, alors qu'elle effectuait une tournée de promotion pour son film «The Hidden Half» (La moitié cachée). Bien qu'elle ait été rapidement libérée sous caution, un procès aura lieu dans son pays, qui pourrait aboutir à la peine de mort.

«The Hidden Half», écrit et réalisé par Tahmineh Milani, traite des luttes internes en Iran après la révolution islamique de 1979. Milani, qui exprime son féminisme tant dans ses films que publiquement, est accusée d'«utiliser l'art pour des actions qui sont du goût des groupes contre-révolutionnaires et mohareb [ceux qui font preuve d'inimitié à l'égard de Dieu]». Le Tribunal révolutionnaire a déjà poursuivi, sous les mêmes chefs d'accusation, des journalistes et des personnalités du monde culturel. Mais c'est la première fois qu'il s'en prend au monde du cinéma. Les réalisateurs du monde entier ont manifesté leur solidarité envers Tahmineh Milani dans une pétition de protestation, diffusée sur Internet, et déjà signée par des grands du métier, comme Francis Ford Coppola, Ang Lee, Martin Scorsese, Steven Soderbergh, Spike Lee, Jamsheed Akrami, Hanif Kureishi ou encore Oliver Stone, pour n'en citer que quelques-uns. Le président iranien, Mohammad Khatami, a apporté son soutien personnel dans la libération sous caution de la réalisatrice. D'ailleurs, comme tous les films produits en Iran, «The Hidden Half» avait dû subir une censure sévère avant que le ministère de la Culture n'autorise sa sortie dans les salles. Le président iranien a lui-même estimé «injuste» une arrestation fondée sur le contenu d'un film après censure.