Lorsque Penelope Cruz se balade seins nus dans la littérature classique.

Cette semaine, c’est l’élégance qui est à l’honneur dans nos salles romandes. Penelope Cruz revient cheveux courts dans le nouveau film de Julio Medem. Elle y interprète une grande tragédienne avec ce que le soleil d’Espagne lui insuffle d’espoir. Fière et intrépide, c’est pourtant le nénuphar de Vian qui l’attaque. Un cancer, un cancer du sein et de cette plante qui lui fleurit dans la poitrine naitra sans nul doute l’un des plus beaux rôles de sa carrière. Mais celle qui pavane insouciante parmi les actrices oscarisées, n’a pourtant pas toujours été désirée pour son talent. L’occasion pour Cineman de détartrer la célébrité de ses paillettes et de comprendre son parcours jusqu’à la statuette dorée.

“Un huis-clos consanguin mêlant l’amour à l’industrie du slip.”

Remontons d’abord en 1992 avec le film Jambon Jambon. Penelope Cruz vient à peine d’avoir 18 ans. Le regard est presque d’ébène. L’idée d’une ingénue persiste mais glisse avec cette bretelle le long de son l’épaule. Elle tombe et s’estompe au profit d’un scénario plus adulte. Pour son premier véritable rôle, Bigas Luna semble avoir misé sur ses formes et c’est le regard d’un homme qui aura décelé chez elle ce talent. Dans une bourgade du désert de Saragosse, elle est au coeur d’une orgie délicate à l’odeur de tortillas. C’est un huis-clos consanguin mêlant l’amour à l’industrie du slip. Elle est enceinte, promise, et belle comme la femme d’un autre alors Javier Bardem se charge de la drague. “T’es un cochon” lui lancera t-elle, et il s’en excusera à peine “ Et toi t’es un jambon.”. Les dialogues ont la vertu du cru mais rappelleront la volonté du réalisateur d’une variation entre le désir sexuel et les plaisirs gastronomiques... Admettons !

“La Fessée”, “Le Partenaire inattendu”, “Le Libertin de Qualité”

Mais en 1991, Penelope promène déjà son intimité dans Série Rose, une série B érotique française produit par Pierre Grimblat (Navarro). Erudit, littéraire et baroque, l’érotisme rappelle le kitsch des années 80 enlacé aux jeux inavouables du 18ème siècle. Sur 26 épisodes, le spectateur rencontre les fantômes lubriques du Marquis de Sade, Maupassant ou encore Daniel Defoe. Pierre Grimblat y adapte ces textes laissés aux boudoirs. Les titres évoquent une certaine intemporalité des plaisirs aristocratiques: “La Fessée”, “Le Partenaire inattendu”, “Le Libertin de Qualité”. Puis au détour d’une nouvelle du Marquis de Mirabeau surgit une adolescente, Penelope Cruz, encore elle ! Il faudra la reconnaître sous les boucles épaisses d’une perruque de servante. Parée en taulière, la dentelle est légère, transparente et libidineuse. Son visage angélique chatouillera alors la foi chrétienne de ses répliques libertines:

“Votre peau est joliment blanche”.

“Vous êtes trop bon mon seigneur.”

“Et votre poitrine est-elle aussi blanche? Je me le demande...”.

“Avec la permission de Madame ici présente, je suis disposé à montrer à Monsieur comment sont agencés les comans.” (...)

“Un gentleman, c'est celui qui est capable de décrire Sophia Loren sans faire de geste.”” disait Jacques Audiard. Nous ne voulons ni contredire la galanterie de Pierre Grimblat ni celle de Bigas Luna, mais tout de même, rendons hommage aux néons roses de leurs rêveries. Contrairement à toute forme de vérité, l’érotisme à la courtoisie de laisser les pensées flottantes. Alors on divague avec notre bohémienne devenue hollywoodienne. Le récemment regretté Pierre Grimblat et Bigas Luna soufflèrent sur les braises de désirs éternels. Enfin, si les curiosités du corps en laisserait encore pantois, sachez que la cour suprême de la mythologie grecque les cautionne et les excuse. La légende raconte que du sein d’Héra jaillit un jour la voie lactée et il fallut à Penelope ces mêmes atouts pour briller parmi les étoiles du cinéma.