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Le Cercle, grand gagnant d’un Prix du cinéma prévisible

Pascaline Sordet
News: Pascaline Sordet

Bien placé dans la course aux Quartz et nominé dans cinq catégories, Le Cercle, qui raconte l'histoire d'amour d'un couple dans le milieu gay zurichois du début des années soixante, a dominé une cérémonie sans grande révélation.

Le Cercle, grand gagnant d’un Prix du cinéma prévisible

Stefan Haupt et son long-métrage Le Cercle sont les vainqueurs incontestés du Prix du cinéma suisse 2015, qui a eu lieu vendredi 13 mars à Genève. Nominé dans cinq catégories, le film remporte quatre quartz, pour son scénario, son acteur principal, son acteur secondaire et comme meilleur film de l’année. Une visibilité importante alors qu’il n’en avait pas vraiment besoin puisqu’il est déjà sorti sur les écrans et avait été choisi pour représenter la Suisse aux Oscars à la fin de l’an dernier.

Si les récompenses aux comédiens sont compréhensibles, le choix de l’Académie de récompenser pour son scénario une oeuvre qui hésite entre sa vocation documentaire et la reconstitution historique est une option qui a fait bruisser le public. Plus intéressant pour son sujet que pour sa structure ou sa mise en scène, le film porte plus haut son étendard anti-homophobe que celui d’un cinéma exigeant. Les deux hommes dont la vie a inspiré l’histoire étaient dans la salle, et sur scène pour le bouquet final, visiblement ravis, mais aussi un peu empruntés.

Toujours parmi les fictions, Chrieg de Simon Jaquemet et Pause de Mathieu Urfer ont joué les seconds couteaux, nominés également dans cinq catégories chacun. Ils repartent avec des prix de consolation, meilleure photo pour le premier, meilleure musique pour le deuxième. Malgré la déception certaine, la récompense au film romand de Mathieu Urfer est plutôt bien choisie. Lui-même est musicien avant d’être réalisateur. Il a travaillé à la composition des morceaux et le scénario tourne autour de la possibilité pour une chanson de permettre à son auteur de reconquérir l’amour.

Récompensée pour la troisième fois de sa carrière, Sabine Timoteo a été couronnée meilleure comédienne de l’année. À la fois étrange et puissamment sûre d’elle, elle a incité avec force les spectateurs, surtout ceux qui regardaient la cérémonie à la télévision à aller au cinéma, parce que « les films suisses existent ! » Elle a également remercié tous ceux qui œuvrent pour leur fabrication et qui ne sont pas invités aux remises de prix, éclairagistes, régisseurs, chauffeurs, et autres petites mains. Un rappel bienvenu dans une soirée où les producteurs et les politiciens sirotent tranquillement leurs flûtes de champagne.

Avec encore un vainqueur alémanique dans la catégorie documentaire, Electroboy, la récolte romande a été maigre. Mais les nominations de courts-métrages leur ont fait la part belle : cinq courts, cinq romands. Dans cette sélection de très bonne qualité, c’est Discipline, réalisé par Christophe Saber et produit par Box Production qui a emporté le Quartz. La productrice Elena Tatti, qui a aussi travaillé sur Pause, a souligné la forte présence de premières œuvres parmi les nominés et la chance des producteurs de pouvoir collaborer avec les écoles de cinéma nationales pour découvrir ces jeunes talents. Une remarque plus à propos que la comparaison cryptique de la présentatrice, comparant les courts-métrages à l’amidon des chemises.

Et enfin, deux heures après le début de la cérémonie, le héros, le monstre sacré, le reclus, le maître : Jean-Luc Godard. Évidemment absent — il ne se rend jamais dans aucun festival ni mondanité — le cinéaste a reçu un prix d’honneur pour sa carrière, remis par le conseiller fédéral Alain Berset. Son fidèle second, Fabrice Aragno, est venu chercher le Quartz, avec quelques mots non pour remercier, mais pour annoncer le calendrier de projection du nouveau film de JLG, précisant que ce ne serait «pas le dernier». Toujours taquin, le Rollois a fait parvenir à l’Académie un message vidéo dans lequel il ironise sur son statut et sur la lassitude amusée que les récompenses tardives pour sa carrière suscitent chez lui. Couché sur le sol de son appartement, après une chute simulée, il disgresse sur l’état des cinématographies nationales, affirmant assez justement que le cinéma suisse n’existe pas, mais que les films suisses, oui.

16 mars 2015

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