Les Enfants des autres France 2022 – 104min.

Critique du film

Une nouvelle héroïne de cinéma

Critique du film: Damien Brodard

Une enseignante de Français d’une quarantaine d’années est en couple avec le père célibataire d’une petite fille de quatre ans. N’ayant elle-même jamais eu d’enfants, elle s’attache progressivement à cette fillette d’une autre.

C’est une nouvelle approche que tente la réalisatrice Rebecca Zlotowski. Avec son dernier long-métrage, elle prend le parti de raconter une histoire mettant en avant la figure de la belle-mère. Souvent relayées au second plan, voire machiavéliques dans les contes, ces femmes trouvent avec «Les enfants des autres» une représentation peu commune au cinéma. En s’inspirant de sa propre expérience, Zlotowski brosse avec pudeur un poignant portrait de femme, du poids du regard qu’on lui porte en passant par les remarques insignifiantes et pourtant si blessantes qu’on lui adresse. Le scénario joue la carte de l’ascenseur émotionnel tout en ayant l’intelligence de ne pas dépeindre une relation idéale, en plus de traiter de questions encore très confidentielles dans les salles obscures.

Si la justesse de l’écriture frappe en plein cœur, c’est incontestablement grâce à la formidable interprétation de Virginie Efira, magistrale comme à son habitude et sublimée par une très élégante réalisation. Il y a une telle authenticité dans ses expressions et son verbe que la relation entretenue avec Roschdy Zem apparaît comme une évidence. Aussi faut-il mentionner la toute jeune comédienne Callie Ferreira-Goncalves, dont le jeu est bluffant de naturel, ce qui est toujours très difficile à obtenir à l’écran avec les novices. S’apprivoiser, aimer un enfant qui n’est pas le sien, se déchirer puis recommencer sont tant de thèmes que le film traite avec une sensibilité remarquable.

(79e Mostra de Venise)

06.09.2022

4

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Commentaires

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geradupo

il y a 9 mois

Virginie Efira une fois de plus épatante! Son jeu est tellement vrai et sensible… j’ai l’impression qu’elle peut tout jouer.


Eric2017

il y a 1 an

Le thème de ce film est intéressant mais le scénario est à mon goût un peu léger. Tout en douceur, Il est délicatement filmé. Le duo Efira-Zem est très bien avec une petite mention pour Efira qui dans son rôle de belle-mère est parfaitement convaincante. Ce n'est pas un chef d'oeuvre mais se laisse regarder. (G-03.11.22)Voir plus


CineFiliK

il y a 1 an

“Belle maman”

Rachel est amoureuse d’Ali, père divorcé. Après quelque temps, elle lui demande de rencontrer Leila, sa fillette de 4 ans.

Une belle-mère en littérature ou au cinéma tient rarement un rôle gratifiant. Elle est le plus souvent marâtre, ennemie, mégère ou séductrice malintentionnée. Rachel ne répond à aucun de ces portraits peu flatteurs. Enseignante investie, elle l’est également dans la vie de cet homme et se rapproche de son enfant qui lui rappelle aussi qu’elle n’en a pas. A quarante ans passés, le temps devient un compte à rebours cruel et les mois, des années.

Il y a de la délicatesse chez Rebecca Zlotowski qui nous partage un peu de son vécu. Sur une musique enjouée, on sourit, se retrouve et se tient par la main. L’air de la comédie romantique virevolte entre ouvertures et fermetures à l’iris. Les corps nus s’enlacent sans rougir et se laissent distinguer sous la douche ou sur un balcon. Mais ce sont Les liaisons dangereuses de Roger Vadim que l’on montre en classe, car l’existence n’est pas un conte de fées. Pourtant, la mère de Leila n’a rien d’une Marquise de Merteuil et pourrait même devenir une meilleure amie. L’adversité est ailleurs, dans cette incapacité de trouver place dans le vécu d’une famille à recomposer et dans la crainte de n’être qu’une figurante dans cette histoire. Une histoire que la réalisatrice dilue par des touches de judaïsme, une maladie grave, un accident ou un élève en difficulté. Des digressions trop insistantes sur le moment, mais qui heureusement permettent au récit de se retrouver en somme. Demeure cette interrogation sur les traces que l’on laisse dans la vie des autres en espérant ne pas être oublié. Une scène ultime pleine d’émotion qui redonne force et espoir à l’incontournable Virginie Efira, vigoureuse, touchante et belle maman.

(7/10)Voir plus

Dernière modification il y a 1 an


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