Mandibules France 2020 – 77min.

Critique du film

Quelle mouche te pique?

Lino Cassinat
Critique du film: Lino Cassinat

Chaque année son Quentin Dupieux, et après Le Daim, qui amenait à un paroxysme vertigineux une période beaucoup plus noire et angoissante entamée par la filmographie du cinéaste depuis Réalité. Si bien que l’on se demandait comment il allait bien pouvoir rebondir: pousser la démarche encore plus loin, ou amorcer un nouvel effet de rupture? Réponse avec son nouveau film: Mandibules.

Manu est simple d’esprit, mais normalement on peut lui faire confiance pour transporter une mystérieuse valise d’un point A à un point B contre de l’argent, surtout s’il s’adjoint l’aide précieuse de son pote Jean-Gab, tout aussi bête que lui. Mais quand ils trouvent une mouche géante dans le coffre de la voiture qu’ils ont volé pour l’occasion, ils ont une idée de génie: dresser la mouche pour qu’elle vole de l’argent dans les banques et devenir riche. La fin des galères? Au contraire.

Alors que Réalité, Au Poste ! et surtout Le Daim permettaient à aborder un versant plus angoissant de l’absurde des univers de Quentin Dupieux, Mandibules a tout du rétropédalage. Si le comique n’a jamais quitté l’univers du réalisateur, il retourne cette fois dans le genre de la comédie pur, même classique serait-on tenté de dire, même si la patte de l’artiste est toujours présente.

S’il y a bien une quête qui anime notre duo de personnages principaux, elle emprunte bien vite tant de détours et de cheminements annexes qu’il apparaît bien vite que toute l’histoire n’est qu’un prétexte pour enchaîner des gags plus ou moins inventifs. On ne reprochera pas à Quentin Dupieux le manque de sens de son œuvre, lui qui est justement le chantre incontesté et incontestable du non-sens, mais force est de constater que Mandibules est le film le plus léger de toute la filmographie du réalisateur, et donc nécessairement, probablement le plus inconséquent.

À l’instant même du visionnage, il apparaît d’emblée que Mandibules ne laissera pas un souvenir impérissable, si ce n’est une poignée de mains amusante et, rendons à César ce qui est à César, le personnage explosif d’Adèle Exarchopoulos, peu présent mais dont la moindre prise de parole garantit un éclat de rire. Pour le reste, Mandibules se suit avec un plaisir indéniable, même s’il offre peu de moments marquants.

15.12.2020

3

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 2 ans

“Tsé-tsé”

Manu a pour mission simple d’aller chercher une valise sans l’ouvrir et de la remettre au destinataire. Il enrôle Jean-Gab, son ami de toujours, pour l’accompagner. Mais dans le coffre du véhicule qu’il a « emprunté » se trouve une très grosse mouche qui bouleverse ses plans.

Après le pneu tueur, le crime frappé et la veste en daim chasseresse, j’appelle l’œstre géante. Pas d’ambiance à la Cronenberg cependant, mais juste de quoi permettre à Quentin Dupieux de poursuivre sa quête d’absurde. Ne pas s’étonner donc de voir une licorne tirer une voiture aux plaques vaudoises avec pour passagère un insecte hors normes. Pas de logique ni d’explication dans cet univers où tout paraît possible : dresser une mouche, manger un chien, diamanter un dentier.

Dans le rôle de Ducon et Ducon, le Palmashow n’a nul besoin d’en faire des caisses pour convaincre. Mais la léthargie de leurs personnages semble influer sur le rythme du film qui peine au démarrage. Il faut qu’Adèle Exarchopoulos leur hurle dessus pour que l’ensemble se réveille un peu. L’effet ne dure pas véritablement, car on cherche en vain un sens, un message et une chute à la blague. Si ce n’est peut-être la maxime affirmant haut et fort que seuls les imbéciles sont heureux.

(5.5/10)Voir plus

Dernière modification il y a 2 ans


Eric2017

il y a 2 ans

Quentin Dupieux fait un clin d'oeil aux frères Farelly (Dumb&Dumber). Mandibules est un film totalement déjanté, loufoque avec deux personnages "simples" qui nous emmènent totalement dans l'absurde. Et puis il y a Adèle Exarchopoulos dans un rôle surprenant. Au final, j'ai bien aimé parce qu'on y rit, parce que c'est très bien interprété et parce que dans cette période, rire est probablement un moyen de faire face à l'absurde. (G-31.05.21)Voir plus


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