Les Tuche 4 Belgique, France 2020 – 101min.

Critique du film

Au revoir président, bonjour patron

Théo Metais
Critique du film: Théo Metais

Après avoir surplombé les hauteurs du rocher monégasque, les grandes étendues américaines et les jardins (bien tondus) de l’Élysée, la famille Tuche retourne dans son village de Bouzolles pour passer les fêtes. Franchise établie en 2011 par Olivier Baroux, pour son quatrième tour de piste, Noël aura cette année une odeur de frites.

Après une mémorable présidence, Jeff (Jean-Paul Rouve) rend son tablier et quitte la politique pour retourner dans son village de Bouzolles avec les siens. Et alors que les fêtes approchent, Cathy (Isabelle Nanty) aimerait enterrer la hache de guerre avec sœur Maguy, et son compagnon Jean-Yves (Michel Blanc), avec lequel Jeff a un contentieux vieux de 10 ans. Et alors que les réconciliations auraient dû filer droits, un nouveau sujet de discorde s’invitera à la table d’une fin d’année déjà mouvementée. En effet Jean-Yves vient de prendre la direction d’un entrepôt d’un géant du commerce en ligne, de quoi supplanter les plans du père Noël, chiffonnant au passage un Jeff sensible aux traditions de décembre. Bientôt, cette nouvelle querelle prend des proportions très... «tuchéennes».

Mise à jour contemporaine des Bidochons, ou la quintessence du potache, portée par la bonhomie de sa distribution et ses lignes de dialogues, aussi vibrantes, graveleuses que rafraîchissantes. Entamée en 2011, la saga d’Olivier Baroux est un succès commercial inattendu. Puis le cinéaste caennais écume quelques échecs, mais les Tuche le ramène toujours sur le droit chemin. Une saga auréolée du César du public en 2019, de quoi clouer le bec de ses pourfendeurs; le réalisateur a rencontré son histoire, et le public de lui rendre si bien.

Coupable de leur succès, les Tuche passeront en cour martiale, devant les juges d’une industrie cinématographique qui se nourrit de ses petits. Alors la suite était inévitable, c’est ainsi, et la célèbre fratrie prépare les frites de fin d’année au milieu d’une réconciliation électrique. Écrit à cinq, le scénario propose une variation autour du conte de Noël mêlée à une comédie sociale bien pensée, porteuse d’une morale sur le capitalisme digital et ceux qui fument les nouveaux cigares.

Dans la même veine et nettement moins sage que le récent Si on chantait, l’animosité entre Jean-Paul Rouve et Michel Blanc est finalement assez symptomatique de son époque. D’ailleurs la franchise ne s’en est jamais cachée et badigeonne les gentils traumas de son temps de sauce samouraï. Bon point pour les Tuche 4, servi dans un écrin cohérent, mais qui réchauffe les bons vieux gags de ses volets précédents

«Je travaille pas j’suis patron, vous z’avez déjà vu un patron qui travaille?». Les Tuche jouent aux Tuche, mais dans leur sillage des intrigues et des prestations secondaires, accessoires. On notera la belle intension en tomber de rideau, mais la surprise de 2011 s’étouffe et il devient difficile de renouveler un objet si singulier. Entre temps, la franchise aura réveillé des personnalités touchantes, parmi elles l’excellent Pierre Lottin, abattu par les mots de Beckett dans le récent Un Triomphe. Alors, opus de trop ou ultime volet d’une franchise inarrêtable? Disons que ni la fougue de Jean-Paul Rouve, ni le talent incontestable d’Isabelle Nanty, n’aideront, car Les Tuche 4 pédale. Il faisait bon vivre sous le soleil de Monaco.

07.12.2021

2.5

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Commentaires

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Eric2017

il y a 2 ans

Le 3 était un piètre film. Mais ce 4ème opus est plein de tendresse, de poésie, de bienveillance et avec un zeste de philosophie. Ce film c'est aussi l'arrivée ô combien remarquée de Michel Blanc et de François Bérléand tous les deux excellents. Franchement c'est une bonne comédie de Noël et par ces temps ça fait du bien. On en ressort avec une bonne bouffée d'air frais. (F-09.12.21)Voir plus


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