Une intime conviction France 2018 – 110min.

Critique du film

La froide obsession de la justice

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

Un film de procès avec ses pièges. Une intime conviction évoque le procès de Jacques Viguier avec son lot de questionnements et de péripéties. Pour son premier métrage, Antoine Raimbault se lance dans une course contre-la-montre, où justice et obsession ne font qu’un.

Une vérité qui colle à la réalité. Aujourd’hui, l’obsession est cette retranscription exacte des faits. Est-ce réellement ainsi que tout cela s’est passé ? Peut-on vraiment se fier à la véracité des faits évoqués ? On en vient même à perdre la dimension spectacle du cinéma au profit du réel. Pour coller au mieux à la réalité, Antoine Raimbault s’est rendu à plusieurs reprises au procès du professeur de droit. Il s’est même passionné pour le dossier. S’est-il mis lui-même en scène en constituant de toutes pièces son personnage fictif de Nora ? Bonne question. Son travail méticuleux à travers les différents chapitres du procès Viguier réussit à nous immerger pleinement dans la machine judiciaire. Une vraie essoreuse, un vrai traquenard qui ne laisse aucun répit au pauvre Jacques Viguier, enfermé dans le silence et la douleur. Une performance solide signée Laurent Lucas qui révèle la complexité du rôle d’accusé.

Si Viguier reste le centre des débats, Une intime conviction ne se focalise pas sur la véracité de ce prétendu meurtre, mais bien sur les rouages d’un procès dans sa forme authentique. Un souci du détail, une mise en scène froide pour convoquer toute la difficulté d’un procès et sa préparation pour contrer les assauts. Confinée dans son appartement, oubliant même son fils, prête à quitter son job pour prouver l’innocence d’un homme qu’elle ne connaît que très peu, Nora va accumuler des heures d’écoute et laisser sa vie voler en éclats. Nora amène une vraie personnalité au film, un souffle de sacrifice incarné habilement par Marina Foïs. Un avantage qui peut passer pour un défaut, on en viendrait presque à oublier l’accusé. Mais Olivier Gourmet assure les arrières, avec une poigne de fer, dans son rôle de Dupond-Moretti. Une passerelle entre l’accusé et l’enquêtrice autodidacte. Un duo qui fonctionne.

En bref !

Malgré quelques petits soucis de contexte, Une intime conviction marche grâce à une mise en scène carrée et maîtrisée la majeure partie du temps. Raimbault, avec ses connaissances approfondies de l’affaire, réussit à nous embarquer de manière convaincante. Et même si Jacques Viguier lui-même se retrouve relégué au second plan pour laisser place à l’abnégation de Nora, les défauts sont en partie masqués par une cadence soutenue.

12.02.2019

3

Votre note

Commentaires

Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.

Login & Enregistrement

Eric2017

il y a 5 ans

Voici un excellent film de procès avec un Olivier Gourmet absolument fabuleux et Marina Foïs qui l'est tout autant. Cette histoire vraie (même si le personnage de Nora a été créé) est assez incroyable. Ce film m'a tenu en haleine d'un bout à l'autre. La réalisation est parfaite. (G-27.02.19)Voir plus


CineFiliK

il y a 5 ans

“Le procès”

Jacques Viguier, soupçonné d’avoir fait disparaître son épouse, est acquitté. Mais un procès en appel le ramène devant le juge, 10 ans après. Persuadée de son innocence, Nora prie le ténor du barreau Éric Dupond-Moretti de bien vouloir le défendre.

Faites entrer l’accusé. Un homme mutique, effacé, impénétrable – le troublant Laurent Lucas. Père de famille brisé par la rumeur ou mari pervers et criminel ? La vérité est ailleurs. Elle repose sur cette mère célibataire, Nora, dont l’intime conviction tourne à l’obsession, au sacrifice. Ne remplace-t-elle pas, sur le mur, les photos de son fils par des post-it indiquant les protagonistes impliqués ? Seul personnage fictif de cette affaire, elle ne pouvait s’imposer que par l’interprétation engagée de Marina Foïs. Symbole d’une quête impossible, elle aurait presque gagné à n’être qu’une allégorie, sans aucun ancrage dans le réel. Associée à l’avocat Gourmet, elle apparaît telle sa conscience. L’acteur belge ne se fait guère prier pour revêtir la robe et retrouve toute l’éloquence du Cyrano qu’il offrit, il y a peu, à Alexis Michalik. Son ultime plaidoirie est une renversante tirade. Le doute n’autorise pas à mettre un innocent en prison, quitte à laisser un coupable en liberté.

Audace et réussite caractérisent ce premier film casse-gueule d’une étonnante maîtrise. Les craintes de longueurs et artifices sont effacées par une tension croissante et des acteurs à la hauteur.

7.5/10Voir plus

Dernière modification il y a 5 ans


marylou_allenspach

il y a 5 ans

Excellent!


Autres critiques de films

Civil War

Kung Fu Panda 4

Godzilla x Kong: Le Nouvel Empire

Dune : Deuxième Partie