Le Miracle du Saint inconnu France, Allemagne, Liban, Maroc, Qatar 2019 – 100min.

Critique du film

Comédie burlesque et poussiéreuse

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

Alaa Eddine Aljem n’a pas fait de miracle. Une fable burlesque et bien ennuyeuse, présentée en mai dernier à l’occasion de la Semaine de la critique cannoise.

Amine a volé une belle fortune. Coursé par les forces de l’ordre, il enterre son butin sur une colline qui surplombe un désert de cailloux et de sable. La cachette fera l’affaire pendant son incarcération. 10 ans se sont écoulés et le voilà face à sa colline, en tout bonne logique pour empocher le pactole. Problème, c’est à présent un lieu de pèlerinage. Un mausolée qui renferme un endroit culte, là où le Saint Inconnu y serait enterré. Amine (Younes Bouab) décide de s’installer dans le village en contrebas pour mettre la main sur son pactole.

Le saint inconnu, au singulier, l’unique et vénéré. L’histoire est avant tout une panoplie de portraits: héros local accompagné de son valeureux chien, un fils de paysan, un médecin qui s’ennuie, un infirmier flegmatique qui peine à formuler des phrases de plus de 3 mots. Alaa Eddine Aljem un village, avec ses frasques et ses drôleries, balayées d’un revers par la quête effrénée d’Amine. Le magot et pis c’est tout. La ruée vers l’or coûte que coûte.

Cette structure narrative n’entre jamais véritablement au fond de son sujet. Il manque de tout. Les décors arides et désertiques se juxtaposent à cette écriture cherchant à varier les portraits. Fable figée au milieu des personnages se voulant comiques et parfois tragiques. L’électron libre qu’est Amine propose une vision extérieure à ce petit village ancré dans les croyances ancestrales. Un petit monde déconnecté de tout, comme ce paysan décidé à cultiver sa terre aride et sèche; une déconnexion de la réalité en tout point. Au milieu du comique de situation, le scénario joue avant tout sur la frustration du voleur: entre ses échanges avec son pote «le cerveau» (Salah Bensalah) et son rasage raté chez le barbier-dentiste-coiffeur du coin, son sang froid est mis à rude épreuve.

La foi entrave les opérations, comme cette colline qu’on pense indomptable. Le gardien y veille. Le Miracle du Saint Inconnu tourne en dérision les croyances locales pour stopper l’opération «reprise du magot». Un mécanisme narratif, dans un décor digne des westerns, qui ne convainc pas, qui, planté dans ce décor désertique, suit les mouvements lasses des habitants, le rythme inexistant d’une vie enlisée dans l’ennui. Le Miracle du Saint Inconnu est en ce sens, du même acabit que son peuple: assommant.

En bref!

Alaa Eddine Aljem s’essaie au comique de situation avec un taux de réussite frôlant le néant. Même si le film explore les us et coutumes d’un pays comme le Maroc - ce fameux poids de la croyance en toile de fond -, on ne fait que traverser péniblement une tribu passive, nous laissant à distance respectable de la moindre (et petite) émotion. Une atmosphère diablement morne.

04.11.2019

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