Blanche comme neige France 2018 – 112min.

Critique du film

Blanche Neige aspire à la liberté

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

Une relecture de Blanche-Neige signée Anne Fontaine. Campée par la délicieuse Lou de Laâge, l'héroïne du conte des frères Grimm est dopée par une liberté nouvelle, à désirer les hommes tant qu’elle veut. Trois chapitres d’un conte revisité de manière sulfureuse.

Claire est d’une beauté unique. Chaque personne croisant son chemin peine à résister à son charme. Sa belle-mère, Maud, sent la jalousie poindre et décide de la supprimer. Mais la vie en a décidé autrement, sauvée par un accident de voiture puis par un homme. Dorénavant, elle est cloîtrée dans une maison au milieu des bois. Elle se sent comme libérée et décide de rester dans le village. La belle entame son périple charmeur, auquel sept hommes vont succomber.

Un premier dialogue affreusement plat, une entrée en matière un peu patraque, jusqu’à ce kidnapping étrange, devant la banque cantonale genevoise. Claire (Lou de Laâge) est emmenée de force loin de la ville, pour y être assassinée dans les bois, comme une bête. Grâce à un coup de pouce de Pierre (Damien Bonnard), elle s’en sort miraculeusement. Ce même Pierre, mystérieux et ex-taulard, vit avec son jumeau, François (aussi joué par Bonnard), et le drôle d’oiseau Vincent (Vincent Macaigne), dans une maison éloignée de tout. Claire cristallise tous les regards, polarise l’attention de tous. Claire se disait à l’image d’une page blanche, sans désir, vidée de toutes émotions. Désormais elle vit l’instant présent, elle vit sa (nouvelle) passion pour le plaisir charnel.

Un pur mythe revisité par Anne Fontaine. Cinéaste à la sensualité, à la rigueur ravageuse se lance dans une histoire épineuse, tortueuse. Disséqué en trois chapitres (Claire, Maude et Blanche-Neige), Blanche comme neige vire dans le récit vulgaire, dans d’innombrables parties de jambe en l’air de cette dite émancipation féminine souhaitée par Anne Fontaine. Claire subjugue les hommes, et ils tombent tous dans le piège tendu par la belle créature. Elle courait après le désir, elle déborde de désir à présent. Elle était une proie, elle fait des hommes ses proies. S’abandonner aux délices charnels, Claire cherche la liberté, elle est sans attache, personne n’a d’emprise sur elle. Au milieu de ces hommes éperdus, il manque d’une réelle incarnation. La figure maléfique, la marâtre illustrée par Isabelle Huppert, n’arrive jamais à vous embarquer dans sa cruauté. Aussi, le second degré n’est pas totalement consommé, décliné de manière aléatoire, même si certaines boutades fonctionnent bien. Soulignons le rôle spectral de Lou de Laâge, dans le rôle de Claire, éclairée par la lumière divine, soufflant une brise torride sur sept hommes désemparés, ensorcelés. Les Benoît Poelvoorde et Vincent Macaigne seront les boutentrains de la bande.

En bref !

Audacieux dans son propos, affreusement naïf, empêtré dans un besoin sempiternel de faire étalage de la dimension charnelle et sulfureuse. Claire : objet ou femme libérée ? La question se pose. Des clins d'œil allant de Blanche-Neige (bien sûr) au Petit Chaperon rouge à La Belle au bois dormant, et moins évident De l’eau tiède sous un pont rouge (Imamura). Une initiation aux sensations fortes, avec une « Blanche-Neige » dans le costume de libertine. On voulait le vertige d’une oeuvre explorée sur un ton adulte, loin des standards érotiques dégoulinants du métrage. Un sentiment mitigé.



12.04.2019

2.5

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Commentaires

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Eric2017

il y a 4 ans

Que dire de ce film ! D'abord il est d'une longueur à s'ennuyer. C'est le genre de film qui en milieu de soirée m'aurait fait dormir. Pourtant, le démarrage du film est assez surprenant mais pour finalement s'étioler de minutes en minutes. Lou de Lââge joue très bien, Huppert est presque trop fidèle à elle-même. Elle ne joue plus puisque je la retrouve à chaque scénario pareil-Dommage. Bref, Bruno Macaigne sort un peu du lot, mais il doit faire attention de ne pas être systématiquement cantonné dans le même genre de rôle. Une adaptation de "Blanche neige" qui me laisse un goût amer. (G-15.04.19)Voir plus


CineFiliK

il y a 4 ans

“Au bout du conte”

Par chance, Claire échappe à un enlèvement qui aurait pu lui être fatal. Elle se réveille dans une maison isolée au cœur de la forêt, occupée par trois hommes. Malgré quelques craintes, la belle s’y sent étrangement bien.

Il était une fois une innocente ensorceleuse, sa belle-mère très jalouse et ses sept princes non charmants : Fruste, Bègue, Hypocondriaque, Capon, Maso, Puceau et Prêtre. Miroir, miroir, dis-moi qui va s’ouvrir au désir et faire tourner les têtes ?! « Ce n’est pas un amusement, mais la vie », prétend Claire Fontaine. « Aime et fais ce que tu veux », lui répond saint Augustin.

Une relecture fraîche, colorée et sexuée de la Blanche-Neige des frères Grimm avait de quoi séduire sur le papier. Mais la salade de fruits proposée étouffe l’érotisme, sous un kitsch appuyé, frôlant souvent le ridicule. Au bout du conte, les prétendants ont plus de profondeur que la nouvelle Eve, qui à force de croquer des pommes, se fait poire.

5/10Voir plus

Dernière modification il y a 4 ans


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