Gett, le proces de Viviane Amsalem France, Allemagne, Israël 2014 – 115min.

Critique du film

GETT le procès de Viviane Amsalem

Critique du film: Hela Khamarou

Voilà trois ans déjà que Viviane cherche à obtenir le divorce de son mari, Elisha. Mais ce dernier lui refuse, soutenu par une société patriarcale qui refuse l’idée de séparation conjugale, surtout quand cette demande vient de l’épouse. Filmé en huis clos, dans un tribunal rabbinique en Israël, il règne dans ce film une atmosphère lourde et absurde. Car en Israël, de nos jours, le divorce n’existe toujours pas. C’est la loi religieuse qui règne, et celle-ci est du côté du mari.

«Et te voici permise à tout homme.» Dans la loi rabbinique, un époux devra prononcer ces mots pour redonner à sa femme sa liberté. Cela s’appelle le « Gett ». En cas d'accord, homologué par un rabbin, la femme sera autorisée à convoler de nouveau au bout de quatre-vingt-dix jours. C’est cette liberté qui est refusée à Viviane Amsalem par son mari. Comment filmer le silence, le non-dit, la souffrance inaudible et le combat d’une femme mariée qui cherche à retrouver sa liberté dans un pays moderne qui se dérobe derrière ses lois religieuses d’un autre temps ? Voici le projet douloureux, dernier volet d’une trilogie réalisée par la comédienne Ronit Elkabetz et son frère Shlomi.

Après Prendre femme et Les Sept Jours, Le Procès de Viviane Amsalem est un récit poignant, au plus près du réel, d’une violence sourde face à une société étriquée et aliénée. Sans en oublier l’humour, lui aussi présent dans ce tribunal où les rabbins ne cessent de poser les mauvaises questions. Ronit Elkabetz interprète avec justesse et pudeur le rôle de Viviane Amsalem, sorte d’ombre noire longiligne et muette dans une salle de tribunal qui se sait déjà contre elle. Peu importe les mots, peu importe les raisons, Viviane est une femme dans une société d’hommes où le « Gett », le divorce n’est pas acceptable. C’est un mariage avec des barreaux aux fenêtres, une liberté relative mais dont personne ne parle ouvertement. C’est un film courageux, à voir absolument.

27.09.2016

4

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Commentaires

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suffragette_city

il y a 9 ans

Le début est un peu poussif, figé dans une démarche stylistique trop appuyée. Le film met un peu de temps à se mettre en place, à trouver le ton, mais au fur à mesure que les témoignages de proches affluent, se nourrissent les uns les autres, il respire, prend ses aises, jusqu’à en faire presque oublier le sujet central tant cette galerie de personnages (magnifiques seconds rôles sans exception) en dit long sur la société israélienne vue de l’intérieur, le poids de la religion et de la morale qui en découle, les subtiles différences de classe, ... . Petit à petit, ce n’est plus le procès de Viviane ou même d’Elisha, mais davantage un exercice d'introspection des différents protagonistes venus témoigner et finalement poussés dans leurs retranchements par l’avocat de Viviane. La beauté picturale de Ronit Elkabetz nous captive d’un bout à l’autre. Plus elle se tait, plus intense est son expressivité. En revanche, les digressions en français sonnent faux et le jeu du mari reste peu convaincant (bien en dessous de tous les autres acteurs je trouve). La dernière scène est en revanche un concentré dramatique de toute beauté, tendu, paroxystique, bouleversant. D’une grande théâtralité mais au plus près de l’âme des deux héros.Voir plus


CineFiliK

il y a 9 ans

Dans la société israélienne pratiquante, le divorce ne peut être accordé que par un tribunal rabbinique et seul l'époux a le pouvoir de l'officialiser s’il consent à répudier sa femme. Dans le cas contraire, celle-ci n'a d'autre choix que de demeurer liée à lui. Ce huis clos nous confronte à ce système étouffant qui, au fil des années d’un procès interminable durant lequel se succèdent reports, témoignages – parfois comiques heureusement –, révélations et humiliations, touche au pathétisme, voire à l’absurde. Moins fort et prenant que « Une séparation » d'Asghar Farhadi, mais tout aussi édifiant. 4.5/6Voir plus


batty1

il y a 9 ans

On retient son souffle du début à la fin de ce film magnifique, ou une femme - et son avocat- se bat pour sa liberté. Une grande leçon de vie et de ténacité démontrée avec finesse, humour parfois, et beaucoup de sensibilité.
Incroyable jeu d'acteurs et d'actrices.


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