Interview

Un nom pour un autre

On avait découvert Mira Nair avec un bouleversant premier long métrage, «Salaam Bombay» (Caméra d?or à Cannes). Les films suivants («Mississippi Masala», «Le mariage des moussons», Lion d?or à Venise, «Vanity Fair, la foire aux vanités»?) décrivent de manière drôle et touchante un monde multiculturel. Visuellement magnifique, «Un nom pour un autre» est certainement son ½uvre la plus personnelle à ce jour.

Un nom pour un autre

Q:Vous avez déclaré que la lecture de «Un nom pour un autre» vous a beaucoup réconforté après la mort de votre belle-mère.A:Comme beaucoup de grandes choses dans la vie, la lecture de ce livre a été un pur hasard. J?avais le livre depuis plusieurs mois, sans l?avoir ouvert, et j?ai décidé de le prendre dans l?avion qui me ramenait en Inde. J?étais en plein deuil et la lecture du livre m?a bouleversée. Je me demandais comment l?auteur pouvait à ce point exprimer ce que je ressentais. Le livre terminé, j?ai immédiatement appelé mon agent et, comme par miracle, les droits n?avaient pas encore été achetés.

Q:Le style et l?esthétique du film sont assez éloignés de vos précédents longs métrages.A:Je fais des efforts pour ne pas me répéter. La photographie m?inspire beaucoup, et l?austérité de la vie au Bengale m?a donné envie de créer quelque chose de différent de ce que j?avais fait pour «Le mariage des moussons». Nous avons fait des expériences sur la manière de capter les souvenirs et l?humeur des personnages, et nous avons finalement utilisé quatre manières différentes de filmer selon l?émotion de la scène.

Q:Les thèmes du film, dont le déracinement, sont universels?A:Des millions d?entre nous se sont installés dans d?autres pays. Je me rappelle être allée à Harvard à l?âge de 19 ans: je n?avais jamais quitté mon pays, et pourtant j?avais une meilleure appréhension du monde que des étudiants qui venaient de l?Indiana. Pour eux, c?était un véritable choc des cultures. Je connaissais toutes les paroles des Beatles et toute l?histoire de la Guerre du Vietnam, et ces jeunes Américains étaient complètement perdus.

Q:L?importance de la famille est au centre du film?A:C?est capital. La famille est sacrée pour les Indiens. Vous entendrez très rarement des enfants indiens être impolis envers leurs parents. Ils peuvent être rebelles, en marge, mais ils ne seront jamais grossiers. Les Indiens sont choqués par la manière dont les membres d?une famille peuvent se parler en Occident. Je répète sans arrêt à mon fils que «la crise d?adolescence» est un concept occidental.

Q:Quels sont vos projets?A:Je réalise un documentaire sur le séjour en Inde des Beatles, en 1968. C?est un essai sur l?inspiration. Les albums des Beatles, dont «Abbey Road» et «Sgt Pepper», ont été très importants pour moi. Je tourne également avec des réalisateurs indiens une série de courts métrages sur le virus du Sida en Inde, et j?aimerais tourner un film sur le Moyen-Orient.

27 février 2007

Autres interviews

Les Rencontres de Cineman: Pierre Richard pour sa nouvelle comédie “Un profil pour deux”

Les Rencontres de Cineman: Charlie Hunnam, Sienna Miller et James Gray nous parlent de «The Lost City of Z»

Entretien avec Gérard Jugnot (Vidéo)