Interview

Andrew Adamson: l'ironie au placard

Après s'être moqué des contes distillés par Disney dans «Shrek 1 & 2», Andrew Adamson adapte avec succès, et pour Disney, «Le lion, la sorcière blanche et l'armoire magique» (sortie le 21 décembre), premier épisode des «Chroniques de Narnia», un monument de la littérature anglophone.

Andrew Adamson: l'ironie au placard

Q:Après avoir parodié les contes revisités par Disney, vous réalisez un épisode du «Monde de Narnia» pour cette grande maison...A:C'est vrai, «Shrek» se moquait des contes à la Disney et maintenant je travaille pour eux, quelle ironie!

Q:Est-ce que vos souvenirs d'enfance des «Chroniques de Narnia» de C.S. Lewis ont ressurgi quand vous avez relu le livre? A:Dans la grande majorité oui, mais j'avais le souvenir de quelque chose de plus épique. Dans «L'armoire Magique», j'avais le souvenir d'une scène de bataille mémorable. En le relisant, je me suis aperçu qu'elle ne faisait qu'une page et demie.

Q:Comment êtes-vous arrivé sur ce projet? A:J'ai sérieusement commencé à y penser en juin 2002. J'avais déjà réalisé «Shrek» et je travaillais sur «Shrek 2». J'étais réticent à cause de l'ampleur du projet, et je craignais que les producteurs veuillent trop moderniser le film. De plus, aucun des scénarios tirés de ce livre ne me convenait. Je cherchais quelque chose de plus fidèle à mes souvenirs. J'étais un peu effrayé par ce projet, mais en même temps je ne voulais laisser à personne le soin de le réaliser si un bon scénario se présentait.

Q:Quelle est la différence entre un film avec des acteurs et un film d'animation? A:Dans l'animation, tout ce qui est sur l'écran est délibéré, il n'y a pas de place pour le hasard. On ne peut pas compter sur la magie qui peut naître de la confrontation de deux acteurs. D'un autre côté, on n'a pas à gérer certains côtés négatifs. Quand je travaille sur un dessin animé, je m'occupe d'un acteur à la fois. Mais finalement, en tant que réalisateur, les émotions sont assez similaires.

Q:Comment avez-vous abordé le contenu religieux du livre? A:Je n'ai aucun problème avec la spiritualité du film. Il est possible de regarder le film et de n'y voir qu'une formidable aventure qui parle de famille, de rivalité, de sacrifice et de pardon. Vous pouvez également y trouver un sens spirituel. Chacun y trouvera ce qu'il est venu y chercher.

Q:Au contraire de Tolkien qui donnait beaucoup de détails, C.S. Lewis incite le lecteur à faire travailler son imagination. Est-ce une bonne chose pour le réalisateur? A:Lewis donnait juste assez de précisions pour toucher l'inconscient collectif du public. C'était effectivement l'un des challenges du film: j'étais obligé de me baser sur ma propre interprétation du livre tout en sachant qu'il allait y avoir des millions de fans avec leur propre vision qui allaient voir le film. Pendant l'élaboration, j'ai été surpris du nombre de personnes qui m'ont assuré que c'était exactement comme ça qu'il le voyait. C'est le genre de choses qui vous rassurent.

13 décembre 2005

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