Interview

Vérités et mensonges John McTiernan: Vérités et mensonges

Construit sur un scénario qui brouille les pistes avec une virtuosité tourneboulante, «Basic» permet à John McTiernan de signer une de ses mises en scène les plus sophistiquées.

Vérités et mensonges

John McTiernan: Vérités et mensonges

Q:Avant Première: Au vu des multiples rebondissements que réserve le scénario de «Basic», on a presque l'impression que vous vous êtes livré à un exercice de style… A:Il y a de ça. Au départ, j’avais décidé qu’il fallait une mise en scène très nerveuse, qui implique le spectateur. Puis, peu à peu, il a fallu établir une certaine distance, même minime soit-elle. À ce moment-là, le style est devenu autre chose: toujours soucieux de transformer le spectateur en témoin privilégié, mais tout en lui proposant un commentaire sur l’événement. Ce qui fait que, selon le point de vue, le style change. Quand on est avec un personnage qui semble être sans intérêt, et dont on comprendra plus tard qu’il est au contraire très intéressant, il faut être en mesure de faire évoluer la façon de filmer, de s’adapter aux circonvolutions du récit. Au fond, on en revient toujours à la règle d’or: servir l’histoire.

Q:L’histoire, ici, est la recherche de la vérité autour d'un meurtre particulièrement mystérieux.A:C’est ça. Au début, il se passe une catastrophe et une poignée d’hommes disparaît. Deux enquêteurs vont essayer de comprendre ce qui s’est passé, et le chemin est plein de pièges. Tandis que le suspense grandit vers la solution du problème, on s’aperçoit que cette solution n’est pas du tout celle qu’on attendait. Règle d’or numéro deux: donner autre chose que ce qu’attend le spectateur.

Q:Pourquoi avoir choisi John Travolta?A:Il a un côté espiègle que j’aime beaucoup, à l’image. Quand il a un regard de doute, un sourire ironique, on a toujours l’impression qu’il est sur le point de faire une blague. Mais, au fond, il est sérieux, et c’est ce sérieux qui permet à l’intrigue de progresser. En plus, John Travolta semble né pour faire du cinéma: il suffit de le regarder, son bonheur d’être sur un plateau est contagieux. Il est heureux.

Q:«Basic» est un film qui, malgré son style moderne, s’apparente plutôt à la tradition classique...A:J’aime beaucoup cette idée de tradition. Prenez par exemple le personnage de West, interprété par Samuel Jackson: c’est un homme rude, qui entraîne ses hommes dans des conditions limites. Il a un côté paternel et un côté tyrannique. C’est ce qu’on avait l’habitude de voir dans les films de John Ford: des acteurs comme John Wayne ou Ward Bond était géniaux dans le répertoire des gros durs au cœur d’or.

Q:Bien que ce soit un film d’hommes, tout est raconté du point de vue d’une femme...A:Je tenais à cette présence féminine, qui est essentielle. Julia, jouée par Connie Nielsen, est une femme un peu naïve, qui ne comprend pas tout de suite qu’elle au centre d’une manipulation. Elle fait son éducation au fur et à mesure. Elle est avec le spectateur, elle est son alter ego: nous découvrons les faux-semblants en même temps qu’elle. Elle incarne le bon sens et, en même temps, la volonté. C'est une femme, quoi!

3 juin 2003

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