Interview
Manon Goupil & Lucien Monot tous deux lauréats du Pardi di Domani.
Locarno69 – Lucien Monot et Manon Goupil sont parmi les heureux lauréats de la section Pardi di Domani. Nous les avons rencontré.
Dans une vieille maison de campagne isolée, Lena, douze ans, vit seule avec sa mère. Son refuge est un arbre d’où elle observe Marie, sa grande sœur, et Eloi, son futur mari, qui arrivent pour passer le week-end en famille. Petit à petit, Lena va développer une fascination pour Eloi et tenter de l’emmener avec elle sur son arbre.
Pour s’affranchir d’un quotidien parfois monotone, Daniel, 63 ans, s’est trouvé une activité qui lui donne un moyen d’exister: la figuration.
LUCIEN MONOT
Quelle est la genèse de GENESIS ?
L’idée a germé après une discussion avec ma sœur autour de la figuration. GENESIS est un projet de fin de deuxième année que j’ai développé à la HEAD (Haute Ecole d’art et de design de Genève). Après avoir écrit plusieurs versions de scénario, mon référent m’a conseillé de prendre contact avec Daniel qui fait de la figuration depuis plusieurs années. On a dîné ensemble et j’ai eu un véritable coup de coeur! De là, je l’ai suivi pendant trois mois dans son activité.
Le film est tourné en pellicule…une envie de retourner à la source du cinéma ?
Oui, comme le sujet traite du monde du cinéma, j’ai tout de suite pensé utiliser la pellicule. L’autre raison est mon rapport affectueux avec le grain des films tournés en pellicules, les personnages, s’en trouvent souvent sublimés.
Daniel a-t-il vu le film ?
Il a été un des premiers à le voir. Après la projection du film, il n’a pas dit grand chose, mais quand on s’est assis pour en parler, il m’a confié qu’il se reconnaissait dans le portrait que le film dresse de lui. Daniel continue de faire de la figuration, il n’aspire pas nécessairement à briguer de plus grands rôles. Tout comme son amour pour la musique, il s’agit d’une façon de faire face à la dureté du monde. La dernière séquence où on le voit en chef d’orchestre représente l’image mentale que j’ai de lui, celle d’un leader.
Quels sont tes prochains projets ?
Terminer le Bachelor à la HEAD, et je pense déjà au prochain film qui est en cours d’écriture.
MANON GOUPIL
Réaction post-récompense…
Je suis très heureuse, d’autant plus que je ne m’y attendais pas du tout ! C’est encourageant, le prix Pardi di domani est un véritable tremplin, et va très vite me relancer dans un processus de création.
Comment as-tu trouvé la jeune comédienne Maia Catsaros ?
En écrivant le scénario de La sève, j’ai pensé à une jeune fille plus âgée que j’ai cherchée pendant longtemps entre Lausanne et Paris. C’est à Lausanne qu’on m’a parlé de Maia qui avait alors 12 ans. La décision a été difficile à prendre car cela posait de vraies questions de scénario. Mon choix s’est finalement porté sur elle pour son énergie, sa maturité malgré son visage d’enfant... J’ai préféré garder l’ambiguïté sur l’âge de son personnage qui change en fonction des situations et de la façon dont je la filme.
La maison est un cinquième personnage…
Oui, dès le départ, je souhaitais un lieu marqué par les années et isolé dans la nature. La période à laquelle se déroule le film, un peu avant le printemps, joue également un rôle important car il renvoie à l’état d’éveil du personnage. Je ne voulais pas m’inscrire dans le cliché de la découverte de la sensualité en plein été ; mais au contraire, faire un pas de côté par rapport à un sujet déjà traité à maintes reprises au cinéma.
Quels sont tes prochains projets ?
La sève est partie de l’intuition d'évoquer la découverte de la sensualité chez une jeune fille, et d'inscrire ce passage dans un cocon féminin. Sans être autobiographique, le film évoque des sentiments et des émotions que j’ai moi aussi pu ressentir. Mon prochain film tournera probablement autour de ces mêmes sujets.
