Interview

Tom Cruise: septième ciel

Interview: Avant Première

Bouleversant dans l'étrange «Vanilla Sky», Tom Cruise s'impose définitivement comme le comédien-star le plus doué de sa génération.

Tom Cruise: septième ciel

Q:Pourquoi avoir repris le scénario d'«Ouvre les yeux», d'Alejandro Amenabar, au lieu de vous consacrer à un sujet neuf ?A:D'abord parce qu'on pouvait en tirer un film différent. Tout est question d'éclairage. Vous savez bien que si on éclaire un vase sous un certain angle, il peut ressembler à un carrosse. Sous un autre angle, à une valise. C'est dans cet esprit que j'ai fait «Vanilla Sky». Q:Vous vous identifiez à ce personnage de golden boy qui, du jour au lendemain, va tout perdre en étant défiguré ?A:Non, pas du tout. Il est le contraire de ce que je suis. Il ne prend pas en compte les désirs et les envies des autres, alors que moi, je suis très attentif à mes proches et à ma famille.Q:Est-ce difficile de tourner défiguré ?A:Oui. Il y a des scènes d'action qui ne me font pas peur, mais là, comment traduire les émotions quand votre visage ne ressemble plus à rien ? De plus, il fallait coller des prothèses, c'était très pénible. Q:D'autant plus que vous avez tourné, semble-t-il, en décors réels...A:Oui, tout est donc vrai. Il n'y a presque pas d'effets spéciaux. Nous avons tourné à New York, dans des rues désertes. La logistique a été cauchermardesque. Tourner seul à Times Square, c'est bizarre. Mais pour le maire et les forces de police qui nous ont aidés, ça a dû être une pure folie.Q:Un autre élément étrange, c'est que Pénélope Cruz a le même rôle dans le film original et le remake...A:C'est une décision prise par Cameron Crowe, le réalisateur. Pénélope avait fait savoir qu'elle était disponible pour reprendre le rôle, et Cameron a pensé que ce serait une excellente idée. Q:Vous avez terminé le tournage de «Minority Report» de Steven Spielberg. De quoi s'agit-il ?A:C'est un film de science-fiction. L'idée de départ, c'est que les policiers, dans l'avenir, pourront intervenir avant même que le crime ne soit commis. Les criminels seront condamnés sur les intentions. Mon rôle est complexe: il s'agit d'un policier chargé d'enquêter sur un meurtre qui s'aperçoit qu'il est lui-même le principal suspect. Q:Quelle est votre principale qualité, comme comédien ?A:Comprendre le personnage que je vais jouer. Tout le reste est un jeu d'enfant: apprendre les marques, les positions, les éclairages, les répliques... Ce qui est crucial, c'est de devenir le personnage. Que ce soit le soldat blessé de «Né un 4 juillet» ou le vampire de «Entretien avec un vampire», il faut s'approcher de ce mécanisme interne qui dicte toutes les réactions de ce personnage. Quelquefois, ça peut prendre des mois, quelquefois, ça vient en deux heures. Il y a des moyens de rendre la chose plus aisée: discuter avec le metteur en scène, se documenter et, surtout, regarder les gens autour de soi. Q:Le fait de tourner avec une femme dont on est amoureux doit aider ?A:Peut-être. J'ai tourné trois films avec Nicole Kidman, mais à chaque fois que je l'embrassais sur l'écran, ce n'était pas Tom Cruise qui l'embrassait, mais le personnage. Dans «Vanilla Sky», c'est pareil. Le film passe d'abord. Pendant le tournage, il fallait travailler le rôle, surveiller la production des «Autres» et s'occuper de mille choses. Si bien qu'à la fin du tournage, on reste avec un film, et c'est déjà formidable. S'il y a, en plus, une femme dont on est amoureux, c'est génial.

25 octobre 2002

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