Interview

Guillaume Canet: Dormez, je le veux!

Héros drôle et touchant du spectaculaire «Narco», Guillaume Canet y est victime de crises de sommeil sur fond de fantasmes héroïques.

Guillaume Canet: Dormez, je le veux!

Q:On sent dans «Narco» l'influence de «Mon idole», votre premier film en tant que réalisateur.A:Disons qu'il y a un esprit de famille, notamment parce que le producteur du film Alain Attal a aussi été celui de «Mon idole». Cet homme a une vraie volonté de faire des films qui sortent un peu de la norme et qui permettent à de jeunes metteurs en scène comme moi ou ceux de «Narco» de donner leur propre vision du cinéma qu'ils aiment et de raconter des histoires qui leur tiennent à coeur. Cela dit, même si on peut parler d'école «Mon idole», Gilles Lellouche et Tristan Aurouet ont réalisé un film très personnel.

Q:Ils insistent beaucoup sur le côté spectaculaire des images.A:Ça va dans le sens de ce que je disais, celui d'un cinéma français différent de la production courante qui n'a peur ni des effets spéciaux, ni des mouvements de caméra.

Q:Le metteur en scène que vous êtes n'a-t-il pas été tenté de donner son avis ou des conseils pendant le tournage?A:Pas du tout. Quand je fais l'acteur, il est hors de question pour moi de m'immiscer dans les choix de réalisation. Moi, ça me gonflerait qu'un comédien vienne se mêler de ma mise en scène, et je ne vois pas pourquoi je le ferais. C'est une question de respect. Sur «Narco», j'avais entièrement confiance dans la maîtrise artistique de Gilles et Tristan, mais je me suis montré très pointilleux sur mon propre travail d'acteur et là, je n'ai pas hésité à en parler avec eux.

Q:Comment avez-vous construit votre personnage d'auteur narcoleptique de bandes dessinées?A:Il faut d'abord savoir que la narcolepsie est une vraie maladie, qui plonge ceux qui en sont atteint dans des «crises de sommeil» aussi brutales que totalement incontrôlables et imprévisibles. À partir de là, j'ai rencontré de très nombreux naturopraticiens, et j'ai compris qu'ils vivaient un authentique calvaire quotidien. C'est une épreuve épouvantable, et j'espère que le film aidera à la reconnaissance de la narcolepsie, sa prise en charge et les recherches scientifiques liées sa guérison.

Q:«Narco» est quand même une comédie.A:Bien sûr, c'est même surtout ça. Mon personnage s'évanouit de façon souvent très burlesque, et on rit énormément. L'essentiel pour tout le monde était que le spectateur n'ait jamais envie de se moquer de lui, et je croise les doigts pour que nous ayons réussi à doser l'humour sans verser dans la dérision.

Q:Comment avez-vous dosé l'émotion?A:En parlant à des narcoleptiques, j'ai compris qu'ils avaient une vie onirique extrêmement riche, qu'ils vivaient dans leurs rêves des situations qui leur étaient interdites dans la vie réelle et qu'ils étaient capables de «programmer» la suite de leurs rêves comme s'il s'agissait de feuilletons à épisodes. À cause de sa maladie, mon personnage est complètement mis au ban de la société, il est trahi par sa femme et son meilleur ami, sa seule échappatoire est de s'imaginer en super héros chaque fois qu'il s'endort, et c'est cet aspect-là du film qui crée l'émotion.

Q:Quel sera votre prochain film en tant que metteur en scène?A:Ce sera une adaptation d'un best-seller de Harlan Coben, «Ne le dis à personne», un formidable thriller plein de suspense et de rebondissements.

30 novembre 2004

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