Retour à Séoul Belgique, Cambodge, France, Allemagne, Corée du Sud, Roumanie 2022 – 115min.

Critique du film

Les souvenirs d’une identité

Critique du film: Teresa Vena

Troisième long-métrage du réalisateur Davy Chou après Diamond Island en 2016 et le documentaire Le Sommeil d'or en 2012, Retour à Séoul est présenté en 2022 dans la catégorie Un Certain Regard du Festival de Cannes.

Un cinéaste tiraillé entre deux cultures. Régulièrement invité des festivals internationaux en qualité de réalisateur ou de producteur, le réalisateur franco-cambodgien Davy Chou est un habitué des grandes thématiques existentielles : les origines, l'identité ou encore la recherche de sa place dans ce monde. Dans Retour à Séoul, Chou, dont les parents ont fui le Cambodge et le régime des Khmers rouges pour se réfugier en France, s’imprègne de son histoire familiale et de ses expériences personnelles.

Ainsi, Retour à Séoul nous raconte l’histoire de Freddie (Park Ji-Min), une jeune femme née en Corée du Sud puis adoptée par un couple de Français à sa naissance. Elle ne retourne sur ses terres ancestrales que lorsqu'elle est adulte et recherche aujourd’hui ses parents biologiques, moins soucieuse de comprendre pourquoi ils l'ont congédiée à l'époque, que de combler un vide en elle-même. Une quête intérieure rocailleuse, mais délicate ; voilà l'un des principes fondamentaux du film qui pose un regard réconfortant sur celles et ceux qui proviennent de différentes cultures.

Outre l’importance du sujet du film, il permet au passage de poser un regard sensible sur le phénomène encore méconnu de la vague d’adoptions massives d'enfants sud-coréens dans les années qui ont précédé le miracle économique du pays. Composé d’images mémorables, «Retour à Séoul» se révèle artistiquement exigeant.

(Festival de Cannes 2022)

Traduit de l’allemand.

20.12.2022

3.5

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Commentaires

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Eric2017

il y a 1 an

Metteur en scène franco-cambodgien sa manière de raconter une histoire m'a beaucoup fait penser au cinéma Coréen. Cette histoire parlant d'une jeune fille adoptée à sa naissance par une famille française et en visite à Séoul, et décide de retrouver ses parents biologiques. D'une grande pudeur lors de la rencontre avec sa mère, de l'agacement en rencontrant son père qui ne cesse de se confondre en excuses, tout y est filmé de manière délicate. L'actrice principale est excellente. (G-26.02.23)Voir plus


CineFiliK

il y a 1 an

“Perdue dans la traduction”

C’est presque par hasard que Frédérique se retrouve en Corée, la terre qui l’a vue naître avant de l’abandonner. Et c’est sur un coup de tête que la jeune Française demande à l’organisme d’adoption local d’avertir de sa présence ses parents biologiques.

Freddie n’est pas facile à cerner. Air renfrogné, menton crispé, son visage et ses yeux rappellent l’Asie, quand son comportement effronté l’en détourne. Se servir à boire, séduire des inconnus, danser seule, rien ne lui fait peur. Plus K-punk que K-pop, elle secoue le Pays du Matin calme qui s’efforce au mieux d’atténuer ses propos trop directs par la traduction. Et quand on pense enfin la saisir, des ellipses la métamorphosent en femme fatale, James Bond girl, fiancée heureuse et quasi rangée, ou pèlerin sac au dos. Des sauts temporels qui effeuillent ce personnage déroutant tout en rompant un rythme parfois lancinant. Agent double, triple ou quadruple, l’électron libre et élément perturbateur ne semble pas savoir qui il est.

Incarnée avec caractère par la débutante Park Ji-min, Freddie symbolise le déracinement, arrachée à une culture dont elle ne comprend aujourd’hui ni les codes ni la langue. La bienveillance des autres ne l’émeut guère, tout comme les regrets plaintifs d’un père à la poursuite du temps perdu. Mais face à la mère, elle ne peut retenir ses larmes. Rencontre décisive et pièce supplémentaire de son puzzle intime. Au final, c’est son amie et traductrice qui la définit le mieux : « Tu es une personne triste », lui dit-elle.

(7/10)Voir plus

Dernière modification il y a 1 an


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