Don't Worry Darling Etats-Unis 2022 – 123min.

Critique du film

Alice au pays de la folie

Critique du film: Damien Brodard

Présenté hors compétition à la Mostra de Venise, Olivia Wilde a dévoilé «Don’t Worry Darling». Un premier long-métrage porté par une excellente Florence Pugh.

La Californie durant les années 1950. Tout le monde est heureux dans la petite communauté de Victory. Tandis que les hommes partent travailler tous les matins, leurs femmes restent dans leur foyer pour s’atteler aux tâches ménagères. Tout le monde se sent à sa place. Pourtant, Alice (Florence Pugh) commence à être en proie à des phénomènes étranges qui viennent troubler son quotidien aux côtés de Jack (Harry Styles). Dans cette petite ville parfaite, la jeune femme se met soudain à douter de tout et tout le monde.

Ce n’est pas chose nouvelle que de produire une satire de la société américaine en exposant un cadre a priori idyllique, où l’herbe est parfaitement verte et les petites maisonnettes toutes bien rangées. À ce niveau-là, la direction artistique, mais aussi les costumes constituent un véritable spectacle bariolé qui épouse parfaitement la prise d’images de la réalisatrice et actrice Olivia Wilde. S’étant elle-même inspirée d’œuvres comme The Truman Show (1998), on reconnaît bien là l’ambiance charmante qui va pourtant basculer dans la paranoïa. C’est malheureusement là où le bât blesse. À cause d’un scénario bien trop prévisible et ne dépassant jamais vraiment ses inspirations, le film perd sa saveur et le plaisir de la découverte au fur et à mesure. Pire, certaines séquences tombent parfois dans la surenchère alors que les révélations n’ont finalement rien d’épatant.

Toutefois, l’originalité du long-métrage réside dans son discours dénonçant l’enfermement des femmes au sein de la société patriarcale, ce qui constitue la véritable nouveauté par rapport aux autres films du genre. Bien qu’inséré avec peu de subtilité, le message est bien là et fonctionne. La distribution prestigieuse n’arrange pas tout : tandis que certains doivent se cantonner à des personnages caricaturaux, d’autres s’abandonnent au surjeu. En revanche, l’étoile montante hollywoodienne Florence Pugh fait une fois de plus l’étalage de son talent impressionnant dans le rôle d’Alice et porte le film à bout de bras. En dépit de quelques points faibles, Don’t Worry Darling reste tout de même un divertissement décent et de bonne confection. Olivia Wilde passe ainsi le test du film de studio et s’ouvre les portes d’Hollywood.

(79e Mostra de Venise)

13.10.2022

3

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Commentaires

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geradupo

il y a 8 mois

J’ai été emportée par l’ambiance pesante et l’esthétique du film. L’Amérique des années 50 est parfaitement rendue dans les décors, les tenues, la BO et… la place réductrice des femmes à cette époque. Convaincue par les interprétations de Florence Pugh et Chris Pine, beaucoup moins par Harry Styles. J’ai passé un bon moment.Voir plus


vincenzobino

il y a 1 an

3.5: Nightmare Housewife
Communauté de Victory près de San Francisco: Alice et son mari Jack y vivent dans un luxe étrange : plusieurs couples y habitent, les hommes travaillent dans la même société et leurs épouses restent à la maison pour l’entretenir. Lorsque l’une de ces épouses et Alice sont prises d’étranges hallucinations, et que interdiction leur est donnée de se rendre sur le site, le mystère est ouvert.
La voici cette réalisation d’Olivia Wilde qui après avoir tant fréquenté le Dr House nous soumet à une étrange expérience. Il y a encore un peu de travail mais assez bonne base.
La situation de départ ne pouvant que horripiler toutes les personnes n’éprouvant que du mépris pour cette catégorie de faux riches va déboucher sur une part fantastique à la limite de l’épouvante rappelant quelque peu l’univers de Chrichton ainsi que Westworld, avec une pince satirique sur ces femmes au foyer visiblement pas toutes consentantes.
Et une fois que le mystère semble percé, sa résolution déçoit sensiblement car elle ne provoque pas suffisamment le sentiment de rejet que pourtant on nous promet. La faute à une certaine absence de tension pure et peut-être un manque d’empathie ne procurant pas l’effet sans doute recherché.
Se laisse néanmoins voir pour son exquise BO ainsi que Pine dans un rôle à contre-emploi exquis...Voir plus


CineFiliK

il y a 1 an

“Desperate housewife”

Il fait bon vivre à Victory, cité angélique située au milieu de rien dans le désert californien. Alice et son mari Jack y séjournent heureux. Mais au fil des jours, le doute enserre l’épouse parfaite.

Retour dans l’Amérique des années cinquante. Pavillon de banlieue chic, voitures d’époque rutilantes et colorées, les enfants jouent sagement dans le jardin. Pendant que les hommes filent droit travailler sur un projet top secret, leurs conjointes tournent en rond. Cuisine, ménage, magasins, elles dansent en chœur et gobent des Manhattan entre copines voisines. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Pourquoi s’interroger alors sur ces légers tremblements de terre qui secouent le quotidien ? Cette chanson lancinante et ses fulgurances imagées qui perturbent l’esprit ? Que dire encore de cette route interdite menant au quartier général ? Et du fondateur charismatique de la communauté ? Dans ce pays des merveilles proche de Stepford, Alice perd la tête et patience. Il est temps pour elle de traverser le miroir.

Olivia Wilde restitue avec soin une ambiance à la Mad (Wo)Men léchant au possible sa mise en scène. Symétrie et synchronisation sont les maîtres-mots. Comme insiste le gourou, l’ennemi du progrès est le chaos. Vitre écrasante, papier film asphyxiant ou hydrocution illustrent bien l’oppression subie par les « desperate housewives » et font leur petit effet. La forme surpasse néanmoins le contenu. L’étrangeté de l’intrigue ne tient pas la distance et s’incline devant ses trop nombreuses références. Anticipée en grande partie, la révélation finale paraît bâclée. Dans ces décors impersonnels, les pantins articulés ne suscitent que peu d’empathie. Quant au discours affiché, il manque grandement de subtilité : tuer l’homme pour émanciper la femme, est-ce vraiment la solution ?

(5.5/10)Voir plus

Dernière modification il y a 1 an

geradupo

il y a 8 mois

A votre question je répondrais: ni plus ni moins que d’annihiler l’existence de la femme pour révéler celle de l’homme.


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