CH.FILM

Stand up my Beauty Allemagne, Suisse 2021 – 110min.

Critique du film

La voix des femmes éthiopiennes

Critique du film: Maxime Maynard

Après l’Afrique centrale ou encore l’Amérique du Sud, la cinéaste biennoise Heide Specogna se rend dans l’est du continent africain pour un documentaire empathique et musical, présenté au 74e Festival de Locarno.

À Addis-Abeda, la capitale d’Éthiopie, Nardos est Azmari, une chanteuse traditionnelle. De sa voix, elle conte la vie et la culture d’un pays, mais voudrait surtout parler d’une population trop souvent dénigrée : les femmes. Dans les campagnes, dans la ville, elle s’entretient avec des sœurs, des mères, des filles. Car dans un pays où le mariage d’enfants est encore bien trop courant, leurs histoires, différentes, mais toujours si semblables, trouvent échos dans la vie de chacune. Alors, avec l’aide de Gennet, une poétesse, Nardos se lance dans l’écriture d’une chanson, une chanson de femmes.

Les intonations modulées d’un chant ouvrent le documentaire. Cette voix est celle de Nardos, que nous suivons pendant 110 minutes. Originaire de la campagne, elle vit maintenant dans le chaos de la ville. En mouvement permanent à travers les rues ou dans les plaines rurales, elle nous présente sa mère, son marie, ses fils, sa belle-mère. Les femmes de sa famille s’ajoutent à celles, d’abord inconnues, prêtent à partager leurs histoires. Des dizaines de visages pour des milliers de souvenirs bien trop douloureux. Les mélodies de l’artiste entrecoupent ces instants de mise à nu. Car la musique dicte sa vie et les chansons, écho d’une peine propre à un genre, donnent à l’œuvre des airs de comédie musicale.

Aux scènes de conversations, d’échanges, s’interposent des plans fixes. À l’écran : des gens posent, des paysages se révèlent, le temps évolue. L’efficace photographie de Johann Feindt pose le décor. Une esthétique impeccable qui, par sa simplicité, illustre gracieusement la dureté d’une vie. Pourtant, le documentaire ne surjoue pas le misérabilisme. En effet, si l’empathie est bien présente, l’œuvre évite soigneusement une dramatisation à outrance : la dure réalité et les faits sont amplement suffisants.

Ainsi, de son envoutante voix, Nardos se fait la porte-parole des femmes de son pays. Par son humanité débordante, Stand up my Beauty captive. Un documentaire vibrant et absorbant.

24.11.2022

4

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