Je voulais me cacher Italie 2020 – 120min.

Critique du film

La maestria d’Elio Germano

Théo Metais
Critique du film: Théo Metais

Décoré du prix du meilleur acteur à Berlin en 2020, Elio Germano livre une performance à la croisée des mondes dans Je voulais me cacher; une humanité animale, sublime, à l’image du portrait de ce peintre.

D’aucuns le prennent pour un fou; dès sa plus tendre enfance, la vie d’Antonio Ligabue (Elio Germano) ressemble à une vaste tragicomédie. À vingt ans, il est expulsé de sa Suisse natale, puis débarque en Italie près du fleuve du Pô. Maitrisant à peine la langue il se réfugie dans une gestuelle tout aussi éloquente, sa difformité l’isole aussi. Mais il a pour lui de savoir peindre la nature et les animaux avec lesquels il cohabite. Bientôt Antonio devient un peintre de renom.

Réalisé par le cinéaste de Bologne Giorgio Diritti, Je voulais me cacher est l’une de ces pellicules rares. D’abord prévu en novembre 2020, le film trouve enfin le chemin des salles romandes après des mois de clôture et quelle reprise… Porté par l’envoutante cinématographie de Matteo Cocco, on retrouve un peu de la maestria de son compatriote Matteo Garrone et son Pinocchio croisée à celle de The Elephant Man de David Lynch ou encore At Eternity's Gate de Julian Schnabel.

Dès l’ouverture dans un montage façon machine épileptique à remonter dans le temps, l’intensité de ce qui est à suivre devient évidente. La parabole existentielle d’un homme bâché et bafoué, qui s’est réfugié parmi les formes et les couleurs pour faire sens au milieu du chaos, est universelle; et lorsque l’humain emprunte au comportement animal, la fable vous prend au cœur. Pour clouer les charmes de Je voulais me cacher, la partition de Marco Biscarini et Daniele Furlati nous ensorcelle à l’orée d’un conte. Un film organique, Elio Germano (La nostra vita) parle peu, mais la prestation est puissante. Un grand film!

15.02.2024

4

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Commentaires

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caolin

il y a 2 ans

Que de prouesses dans ce film! Tant la recherche historique pour connaître le quotidien de ce peintre atypique que le parcours lui-même de cet homme, malmené mais aussi soutenu, selon les humeurs de la roue du destin. Le jeu d’acteur d’Elio Germano est aussi remarquable, de même que les reconstitutions historiques, costumes et sites inclus. Enfin le scénario parvient à faire évoluer le protagoniste tout en mélangeant les temporalités, tandis que la mise en scène, accompagnée d’une riche palette de personnages secondaires, est aussi cocasse qu’artistique (la scène où il rêve qu’il s’est marié est juste extraordinairement délicieuse).Voir plus


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