There Is No Evil République Tchèque, Allemagne, Iran 2020 – 150min.

Communiqué de presse

There Is No Evil

Heshmat, Pouya, Javad et Bahram, quatre hommes, dans quatre histoires, qui ont dû faire un choix qui engagea leur existence entière et celle de leurs proches. Quatre histoires où Mohammad Rasoulof persévère dans sa démarche qui scrute la morale dans la démocratie autoritaire qui régit l'Iran son pays et dont les autorités lui dénient le droit de pratiquer son métier.

Heshmat est un homme paisible, père aimant et mari attentionné. Sa vie est rythmée par les tâches domestiques le jour et sa profession la nuit, qui lui permet de jouir d'un certain confort, lui et sa famille qui, elle, semble ignorer la tâche qu'il accomplit. Pouya entame son service militaire, qu'il accomplit comme gardien de prison, lorsqu'il est confronté à un dilemme qu'il devra trancher au cours d'une nuit dramatique. Javad, au service militaire lui aussi, a obtenu une permission de trois jours pour rejoindre sa fiancée qu'il veut demander officiellement en mariage. Ses projets seront bouleversés par le décès d'un ami cher dans la famille de Nana, son aimée, et leur relation en sera profondément altérée. Enfin, Bahram accueille sa nièce Darya qui vit depuis sa petite enfance en Allemagne. Il voudrait lui révéler un secret qu'il cache depuis trop longtemps, où Darya est impliquée.

On le met à la porte, il rentre par la fenêtre. Rasoulof a été interdit de tournage après la sortie de son dernier film, A Man of Integrity (Un homme intègre). Qu'à cela ne tienne! C'est avec la forme du court métrage que ce réalisateur intègre revient. Elle lui permet de contourner les interdictions, car ces films courts sont moins surveillés. Il se chargera des scènes d'intérieur lui-même, supervisant les extérieures tournées par ses assistants. Et cela donne There is no Evil (Le diable n'existe pas) qui obtint l'Ours d'or à la Berlinale 2020. Une étude de caractères passionnante et précise qui convoque d'une certaine façon tous les genres de cinéma - mélodrame, action, peinture sociale. Une étude sociologique où on ne serait pas étonné de voir apparaître, au détour d'une séquence, un Henri Laborit iranien commentant, arguments scientifiques à l'appui, tous ces comportements. En tout cas, un beau pied-de-nez à la censure et à la morale officielle.

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 3 ans

“Des hommes intègres”

Ils sont maris attentifs, pères affectueux, fils attentionnés, amoureux. Et ils tuent.

Il est si facile d’ôter la vie d’un être vivant. Il suffit d’appuyer sur un bouton, une gâchette, ou pousser un tabouret. Comment affronter le miroir ensuite, se racheter une conscience ou, pire, s’y habituer ? L’homme n’a pas besoin du Diable pour agir. Il lui suffit d’obéir.

La différence est-elle si claire entre un lourd sac de riz transporté avec peine et un cadavre encombrant ? Le garde et le prisonnier ? Un chasseur et sa proie ? L’innocent et le coupable ? La réponse est non. Un mot pouvant exiger courage et résistance.

A travers quatre histoires qui se font écho, l’Iranien, interdit de quitter le territoire, questionne son pays, ses concitoyens et son spectateur. Et moins l’on en sait sur l’Ours d’or 2020, plus on aura la chance de se laisser intriguer, surprendre et choquer par ses images. Scènes de la vie conjugale, fuite en avant suffocante, romance avortée ou secret de famille, la réalisation fluide mélange les genres. Les parkings souterrains, couloirs sombres ou routes ensablées que le cinéaste filme en caméra subjective ont tout d’un cheminement moral, ce labyrinthe dans lequel on s’arrête et s’égare parfois. Jusqu’à ce paradoxe exprimé : « Je tuerai celui qui m’oblige à tuer ».

(8/10)Voir plus

Dernière modification il y a 3 ans


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