Sacrées Sorcières Mexique, Etats-Unis 2020 – 106min.

Critique du film

Nos sorcières bien aimées

Théo Metais
Critique du film: Théo Metais

En fanfare, le grand classique mené par l’indétrônable Anjelica Huston revient sous la coupe de Robert Zemeckis. Cette fois, Olivia Spencer et Anne Hathaway se donnent la réplique dans un délirium certainement moins caustique que son ainé. Verdict!

En 1967 et suite à la disparition tragique de ses parents, le jeune Bruno (Jahzir Bruno) est envoyé chez sa grand-mère (Olivia Spencer) dans la bourgade de Demopolis en Alabama pour y démarrer une nouvelle vie. Les deux s’apprivoisent non sans quelques éclairs, et alors qu’ils croisent d’étranges sorcières, la grand-mère entraine notre héros quelques jours dans une somptueuse station balnéaire. Timing impeccable, voilà qu’ils tombent nez à nez avec la redoutable Chef Sorcière (Anne Hathaway) et sa troupe lors de leur convention annuelle. Bientôt les vacances prennent une tournure imprévue.

Prestigieux écrivain britannique du XXème siècle, Roald Dahl compte parmi les grands noms de la littérature. Fameux pour ses œuvres jeunesse, père de l’emblématique «Charlie et la Chocolaterie» paru en 1964, il publiait en 1983 le roman «Sacrées Sorcières» et Nicolas Roeg de s’en emparer quelques années plus tard dans une célèbre adaptation pour le cinéma. Devenu un classique, taillé au pieu dans un roc joliment gothique, oui en 1990 on s’est mis à croire aux sorcières. Terrifié par l’abominable visage d’Anjelica Huston et les cranes de cristal de ses complices; la scène de la réunion dans la salle de bal restera gravée au fer rouge dans nos mémoires d’enfants. Une époque qui paraît bien loin à présent.

Pour éviter l’hécatombe du récent The Craft - Les Nouvelles Sorcières, il fallait au moins un Robert Zemeckis pour tenter l’impensable. Anjelica Huston figure éternelle d’un mythe impénétrable, le rôle de la terrifiante Chef Sorcière est repris cette-fois-ci par une Anne Hathaway qui force un peu trop sur l’accent des Carpates et les grands éclats de voix. À l’image de la facture globale d’ailleurs, et de la narration en voix-off par Chris Rock, Sacrées Sorcières se gorge d’effets accessoires.

On regrette en effet un manque de magie, pourtant si précieuse aux œuvres de Robert Zemeckis, et un jeu souvent délivré comme un cahier des charges. Sacrées Sorcières débarque en grande pompe avec une armada gargantuesque d’effets spéciaux qui s’apparente dans ses pires moments à un catalogue d’exposition sur les nouvelles technologies au cinéma. Ainsi, le sourire diaboliquement denté et béant d’Anne Hathaway est aussi téléphoné que catastrophique. Si parfaits soient-ils, difficile aussi de s’émerveiller des détails des bestioles et cette volonté de réalisme empiète systématiquement sur l’illusion.

Néanmoins le très charmant duo porté Jahzir Bruno et Olivia Spencer apporte une dimension historique bienvenue à l’œuvre originale. Les sorcières s’interprètent alors comme les sbires métaphoriques d’une Amérique ségrégationniste qui nettoieraient, comme son gouverneur George Wallace à l’époque, la vermine d’Alabama; et Zemeckis marche (presque) dans les pas de George A. Romero où l’horreur servait une satire de la ségrégation raciale aux États-Unis. Alors sans faire du Jordan Peele non plus, Robert Zemeckis déclenchera-t-il, on l’espère, une curiosité pour l’histoire, et quelques conversations en famille?

03.12.2020

2.5

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