Les Liens Italie 2020 – 100min.

Critique du film

La famille à quel prix?

Théo Metais
Critique du film: Théo Metais

Basé sur le roman de l’écrivain italien Domenico Starnone, Les Liens a ouvert la 77ème édition du Festival international du film de Venise et a été sélectionné au Festival du film de Zürich. Réalisé par Daniele Luchetti, le long-métrage propose une incartade dans l’Italie des années 80 pour conter l’histoire d’un couple qui bat de l’aile et de leurs deux jeunes enfants. Une exploration des liens familiaux à travers le temps, portée par quelques-unes des figures les plus emblématiques du cinéma italien contemporain.

Dans les années 80, Aldo (Luigi Lo Cascio) et Vanda (Alba Rohrwacher) vivent à Naples. Aldo est un animateur littéraire de renom dans une radio à Rome et Vanda s’occupe de leurs deux jeunes enfants. Entre Naples et la capitale italienne, le couple s’est forgé une sorte de routine à deux vitesses qui semblait fonctionner jusqu’au soir où après avoir couché les enfants, Aldo avoue à Vanda avoir eu une aventure avec une autre femme. Un raz-de-marée pour le couple, bientôt Aldo se consacre à sa nouvelle compagne, mais 30 ans plus tard le couple est toujours marié. Et les enfants au milieu de cette mascarade.

«Des liens d’amour ou des fils barbelés?», pour reprendre les mots de Daniele Luchetti, Les Liens révèle 1h40 d’une étude sur trois décennies de ces forces mystiques qui unissent les êtres lorsque l’amour s’effrite. Quand l’usure se mêle au confort bourgeois, à la honte, à la culpabilité, au regret, à la pitié, ou encore à la résignation, nul ne sait plus vraiment ce qu’il reste de la famille Prima, de leur amour et du faste d’antan. Et les enfants de se faire les témoins privilégiés de leur clownerie maritale. Les tromperies du père, l’appel au secours de la mère; 30 ans plus tard une chape lourde de non-dits recouvre la famille Prima.

Réalisateur des célèbres Mon frère est fils unique, La nostra vita et Il portaborse, le réalisateur adapte le roman éponyme de 2014 de l’écrivain Domenico Starnone crédité aussi au scénario, pour donner à l’œuvre un nouvel envol. Lové dans la délicieuse cinématographie qui embaume les scènes des années 80, l’appartement, les ruelles, la composition des plans, la saturation des couleurs, le travail de Ivan Casalgrandi et les décors de Marco Martucci vous envoûtent dès l’ouverture et rappellent à leur manière le récent Martin Eden de Pietro Marcello.

Le film dévoile une radiographie en trois temps: l’annonce de la tromperie, le couple séparé, et le couple à nouveau réuni 30 ans plus trad. Une intrigue au fond assez classique qui entend interroger en profondeur les liens du mariage et le ciment des familles. Mais avec ses airs, parfois, d’énième élucubration, et hormis dans quelques rares scènes, on regrette finalement d’avoir le nez planté sur ce couple et que cette adaptation ne s’attarde pas plus sur l’entourage ou les enfants. L’équilibre entre les trois parties manquera de rythme, la troisième avec les enfants devenus adultes étant la plus intéressante et paradoxalement la moins développée. Alors on pense à L'économie du couple de Joachim Lafosse qui sous sa fausse simplicité, peignait le portrait étourdissant d’un couple à la dérive. Si visuellement Les liens est un coup de cœur quasi immédiat, il manquera une écriture moins contemplative, plus envoûtante.

20.05.2021

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