CH.FILM

Favolacce Italie, Suisse 2020 – 98min.

Critique du film

Le mépris pour ambiance estivale

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

Atmosphère joyeuse dans une banlieue de Rome, où des familles évoluent dans un cadre plus ou moins charmant. Il faut se méfier de l’eau qui dort, comme le dit l’adage. Avec Favolacce, les frères D’Innocenzo gratte le vernis pour faire ressortir une tristesse enfouie.

La chaleur de l’été annonce les vacances prochaines pour les familles de cette charmante et paisible banlieue des environs de Rome. 3 familles connectées et aux apparences joyeuses qui tentent de camoufler un mal profond. Le silence enveloppe la bâtisse avant que les enfants ne viennent faire voler en éclats les non-dits et la face artificielle des familles.

Un film terriblement dur, profond dans son traitement suant sur l’écran comme cette chaleur étouffante accompagnant les protagonistes. La frustration en guise d’apéro, la déflagration émotionnelle en guise de plat principal, le déchirement pour dessert. Si le début ressemble à un long fleuve tranquille, ennuyant à souhait, les gamins vont mettre la pagaille dans cette pseudo paralysie familiale. Damiano et Fabio D’Innocenzo font pulser une pauvreté tant intellectuelle que financière, jonglant avec l’amertume des adultes pour comprendre les grosses ficelles d’un film qui souhaite traduire cette frustration et ce mépris de classe. Ou plutôt un mépris de ne pas pouvoir se retrouver dans une banlieue plus cossue.

La morosité se plaquant sur ces visages de parents fatigués par leur sort en deçà de leurs espérances, une zone floue commence à poindre et dessine une toxicité que les rejetons vont déconstruire brutalement. La violence latente et l’argent en toile de fond, le récit raconte du point de vue des enfants l’atmosphère pesante d’une pauvreté relative. Autour, peuplant le récit, le quartier joue comme un personnage à part entière, valeur cardinale pour combler un script inégal. Si bien que les frères D’Innocenzo usent de la voix-off pour rappeler l’étrangeté du film, des non-dits qui viennent peupler un destin familial délétère.

Les 2 cinéastes ont tendance à faire transpirer un désamour en s’amusant avec leurs personnages. On notera la performance solide et en retenue de Giulia Melillo dans la peau de Viola, et Justin Korovkin, pierre angulaire de la narration dans la peau de Geremia. En matière de narration, Favolacce est intéressant dans sa tonalité et sa mise en scène: on sent une envie de faire du cinéma, d’instaurer un voile mystérieux sur cette moiteur d’un été harassant et piquant. Un désir de faire du cinéma qui freine et étire la pellicule quelque peu; elle pêche avec ces injections perpétuelles de méchanceté pour accentuer cette sensation de trouble - pour aboutir à une conclusion choc. À force de pousser le curseur, le film fait du surplace, avant que la morale nous tape sur l’épaule pour retrouver un élan tragique dans cette spirale vengeresse trop hachée.

06.05.2021

3

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Commentaires

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Eric2017

il y a 2 ans

Aïe aïe aïe, deuxième film que je vais voir depuis la réouverture et malheureusement celui-ci est INSIPIDE. Je me suis totalement ennuyé. Je n'ai même rien à écrire. (G-05.05.21)


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