Toute Ressemblance France 2019 – 83min.

Critique du film

Immersion en folie médiatique

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

Michel Denisot fut l’un des présentateurs TV les plus charismatiques avec le Grand Journal sur Canal+. Alors quand il passe derrière la caméra pour conter l’histoire de Cédric Saint Guérande, un présentateur télé idolâtré par les Français, il y a comme une sensation de déjà vu.

Son entrée fracassante à la tête du 20 Heures, grâce à une prise d’antenne et un monologue légendaire durant les attentats du 11 septembre, Cédric Saint Guérande, surnommé CSG, n’arrête pas d’exploser les audiences. La jalousie se fait sentir et CSG n’hésite pas à en jouer, lui le grand showman, prêt à dégainer pour scintiller de mille feux. Mais quand un nouveau président est nommé à la tête de La Grande Chaîne, une guerre d’égo est déclarée. Les jeux du cirque médiatique sont ouverts.

Franck Dubosc en présentateur star du 20 Heures, on ne sait pas si c’est un bon choix de casting... toujours est-il que l’acteur s’accommode assez facilement de ce personnage charmeur et calculateur. Un vrai poison, un opportuniste prêt à tout pour défendre sa place dans la jungle médiatique hexagonale. L’hypocrisie est à son paroxysme, elle serpente autour de la galerie de personnages; les soirées orgiaques où les pilules pleuvent et la poudre blanche neige comme un jour de tempête hivernale. Blizzard dans le petit cercle parisien des privilégiés. Toute Ressemblance n’est pas sans rappeler la folie de 99 francs de Jan Kounen: les agences de pub n’ont rien à envier à la rédaction de La Grande Chaîne; dans le monde du paraître, le vernis dégouline, la mauvaise foi également.

L’histoire se corse un peu plus quand Julien Demaistre (Denis Podalydès) entre dans la danse. Nouveau responsable de la chaîne et peu fan de l’iconique CSG, Demaistre va tenter d’écorner l’image de son présentateur vedette. La foire d’empoigne se construit telle une partie de ping-pong, voire une finale de Wimbledon dans un 5ème set à couteaux tirés. Si 99 francs était une satire corrosive, Toute Ressemblance n’aura pas la même audace, ni la même fraîcheur rythmique pour régater. Il est vrai que Michel Denisot sait de quoi il parle et nous immerge dans un voyage à la frontière de la névrose, dont l’égocentrisme fait florès. Tout est permis, et le combat de coqs vire à la démonstration de virilité. C’est à ça que correspond Toute Ressemblance, un récit qui se resserre sur la communauté très sélect du show-business, celle qui fait rêver tant de gens, celle qui attise la convoitise pour n’accoucher que d’êtres individualistes tout juste conscients des aléas de notre époque.

En bref!

Michel Denisot sait de quoi il parle, c’est certain. Mais outre les facéties d’un monde dopé à l’audience, on reste sur notre faim. Un divertissement propret pour combler les curiosités d’un milieu parisien et médiatique en mal d’attention porté par l’honnête performance de Franck Dubosc. Une œuvre correcte, assez divertissante pour ne pas sombrer dans l’ennui, qui s’oublie aussitôt hors de la salle.

27.11.2019

3

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Commentaires

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Eric2017

il y a 4 ans

Aïe-Ouille. Ce film doit probablement intéresser et peut-être plaire aux personnes baignant dans ce milieu des médias. Car certains doivent se reconnaître ou reconnaitre quelques unes des personnes évoquées. En ce qui me concerne ce film n'apporte rien, je me suis ennuyé, il est vide et la fin est une véritable catastrophe. (G-06.12.19)Voir plus


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